RFI est aussi une radio tournée vers l'Europe : nous diffusons tous les jours l'émission Accents d'Europe, une fois par semaine Carrefour de l'Europe, et des émissions sont consacrées à l'Europe conjointement avec France 24. Mais RFI n'est pas diffusée à Strasbourg, si bien que les parlementaires européens, qui aiment beaucoup s'exprimer sur nos ondes, ne s'entendent pas ensuite… Elle ne l'est pas davantage à Lyon, ni nulle part ailleurs qu'en Île-de-France. RFI est pourtant une radio remarquable pour les citoyens, et il fait bon entendre les appels de ses auditeurs.
M. Rochebloine m'a interrogée sur la contribution de France Médias Monde à l'essor de la francophonie. Nous diffusons en français à l'intention de notre audience francophone : les 37 millions d'auditeurs de RFI, qui sont en grande majorité en Afrique francophone ; les 18 millions de téléspectateurs de France 24 en audience cumulée hebdomadaire en Afrique ; les auditeurs de France. Notre langue de diffusion dominante est évidemment le français. Il est important que l'Afrique continue de parler le français – et un francophone sur quatre vit dans le monde arabe, en particulier au Maghreb. Même si ce n'est pas le seul de nos objectifs, la francophonie est au coeur de nos préoccupations. Nous sommes en train de rénover entièrement le site d'apprentissage du français, en privilégiant le français « sur objectifs spécifiques », c'est-à-dire le français des métiers. Quand un Cambodgien, par exemple, décide d'investir dans l'apprentissage du français, cela lui coûte ; il faut donc que cela lui soit utile, et lui serve à trouver un débouché professionnel. C'est ce que nous disent aussi bien les centres culturels à l'étranger que l'Alliance française, avec laquelle nous sommes en passe de signer un accord, ainsi qu'avec les lycées français à l'étranger. Enfin, RFI travaille beaucoup avec l'Organisation internationale de la francophonie.
Nous finançons aujourd'hui AITV à hauteur de 300 000 euros, que nous versons à France Télévisions en contrepartie de l'utilisation des images tournées par l'Agence. Si France Télévisions décide de fermer AITV, c'est, je suppose, que le groupe ne parvient pas à en couvrir les coûts. Je serais incapable de reprendre le personnel de l'Agence sans disposer des moyens supplémentaires qui me permettraient de le faire. Je suis désolée pour les équipes d'AITV, mais je n'ai aucune marge de manoeuvre pour absorber cette activité : 300 000 euros ne suffiraient manifestement pas à l'embauche de 30 journalistes.
M. Rochebloine a évoqué les otages et salué le travail des journalistes. À la suite du terrible drame que nous avons connu, nous sommes convenus que notre vocation n'est pas d'être des héros ou des victimes, mais nous nous refusons à déserter les zones risquées – sinon, nous ne pourrions plus nous rendre dans aucun des lieux où un média d'informations international doit aller. Avec plus de 1 000 journalistes et un réseau de 400 correspondants, nous sommes le plus exposé de tous les médias français. Nous avons donc défini un plan de formation et décidé d'intensifier le rythme des stages relatifs aux risques, mais les changements sont continuels. Sachez qu'à la BBC, une équipe de 15 personnes est occupée en permanence à la cartographie des crises et à l'analyse des risques pour les correspondants et les reporters. Je salue le travail du centre de crise du ministère des affaires étrangères et de l'ambassade de France au Mali, qui nous ont accompagnés dans l'épreuve. Il reste que la décision – y aller, ou pas ? – est difficile à prendre. Les choses empirent : il y a 30 ans, le journaliste était protégé par sa fonction ; aujourd'hui, il est presque devenu une cible. Les temps ont changé et nous devons nous y adapter.
Le ministère des affaires étrangères a bien sûr participé à l'élaboration du COM ; ses représentants ont assisté aux quinze réunions qui y ont été consacrées. Nous tiendrons à présent des réunions « géographisées », précisément par exemple pour choisir la langue d'Afrique de l'Ouest qui sera diffusée sur l'antenne de RFI. Un ensemble de paramètres doivent être pris en compte : le nombre de pays dans lesquels une langue donnée est parlée, mais aussi l'équilibre, dans un pays en voie de réconciliation, entre les langues parlées au Sud et au Nord. Parce que, vues de loin, certaines subtilités nous échappent, ces discussions ont lieu aussi avec l'Institut national des langues et civilisations orientales. Sur le terrain, ambassadeurs, attachés audiovisuels et conseillers culturels accomplissent un formidable travail, que je salue.
Une grande partie de notre audience continue d'être sur ondes moyennes, monsieur Guillet, et comme le coût de ce support est compensé par une location, arrêterions-nous demain que nous ne ferions aucune économie, tout en enregistrant une perte nette de diffusion. Au Soudan, la radio est présente au Sud, et la réouverture à Khartoum, au Nord, est en bonne voie.
Oui, diffuser davantage en Europe peut nous permettre d'augmenter nos recettes publicitaires. En revanche, le service public de l'audiovisuel extérieur ne serait pas dans son rôle en faisant concurrence aux chaînes privées en France sur ce plan. Nos missions de service public nous conduisent à apporter des informations différentes ; nous ne sommes pas en guerre avec les autres chaînes d'information françaises.
J'ai noté que M. Jacques Myard est en désaccord avec l'implantation permanente de Monte Carlo Doualiya à Marseille… mais j'aimerais bien l'installer en Île-de-France aussi, pour y diffuser les valeurs universalistes en arabe.
J'en viens, pour conclure, à l'harmonisation sociale. Nous avons un budget, que nous avons annoncé aux partenaires sociaux et nous devons entrer dans cette épure. Les négociations n'ont pas encore commencé, parce qu'il nous fallait d'abord fusionner les instances représentatives du personnel. Maintenant, c'est fait ; un plan de négociation est arrêté, et nous savons dans quelle enveloppe nous devons tenir. Nous devrons faire preuve d'imagination et d'équité ; nous avons d'ailleurs commencé de résorber certaines iniquités trop frappantes entre les rédactions.