En ce début d’année que je souhaite annonciatrice d’une fraternité renouvelée, il me faut vous poser une question, monsieur le Premier ministre, sur un humoriste dévoyé qui, par son message où l’odieux le dispute à l’insupportable, menace les fondements de la République. Je veux bien sûr parler de Dieudonné.
Au pays de Beaumarchais, où l’insolence est une vertu, au pays de Coluche et de Bedos, où l’ironie reste un art, nous savons faire la différence entre la critique, même la plus féroce, et l’agression, à l’évidence d’inspiration néonazie. Avant-hier, c’étaient Drumond, Maurras, Drieu et Céline, ces semeurs de haine. Hier, c’était celui dont nous avons tous le nom en tête, qui parlait de la Shoah comme d’un détail de l’histoire, qui s’attaquait à l’un des nôtres, Michel Durafour, dans la plus parfaite tradition de Goebbels là-bas et d’Henriot ici.
Monsieur le Premier ministre, cet éructeur haineux est dangereux pour la République. Ne rien faire, au nom du principe absolu de la liberté d’expression, c’est renoncer, c’est accepter. Il n’est pas question de changer notre législation. Ce serait faire trop d’honneur à cet individu. Il faut appliquer les lois de la République avec rigueur, comme le rappelle la circulaire remarquée du 6 janvier dernier de M. le ministre de l’intérieur.
L’apologie des crimes contre l’humanité est intrinsèquement une atteinte à l’ordre public et doit permettre l’interdiction de ces rassemblements de haine, mais il faut aller plus loin et faire partout oeuvre de pédagogie, notamment à l’école, dans les lieux de culture, les milieux associatifs, pour renforcer la laïcité et, surtout, la fraternité. Le Gouvernement est-il prêt à s’engager dans cette voie ?