Monsieur le ministre, le monde agricole pouvait attendre beaucoup de votre texte, tant ses ambitions annoncées semblaient grandes : penser l’avenir de l’agriculture française, refondre la politique agricole depuis les années 60, rien que cela !
Malheureusement, la déception est à la mesure des attentes. Certes, vous entendez mettre le développement durable et équilibré au centre des politiques agricoles. C’est tout à fait louable, mais le secteur n’avait pas besoin de nouveaux comités Théodule, de nouvelles procédures complexes et de pétitions de principe difficiles à appréhender pour sortir de la crise qu’il connaît. Surtout, ce texte évite surtout soigneusement toute réflexion sur la régulation de l’ouverture des frontières, pourtant au coeur du problème.
La préoccupation majeure de nos agriculteurs concerne leurs revenus. Or ces revenus sont conditionnés par les prix de vente de leur production. Une évidence, me direz-vous, pourtant totalement absente de l’actuel projet de loi. En la matière, vous ne faites que remanier de manière superficielle la contractualisation imposée contre l’avis d’une majorité de la profession par votre prédécesseur, M. Bruno Le Maire.
La contractualisation, censée remplacer toutes les mesures de régulation des prix anéanties sous la pression de l’Union européenne et de l’OMC, n’est pourtant restée que ce qu’elle est, une vague incantation. Elle a accompagné le naufrage du maraîchage et de l’arboriculture, mon département du Vaucluse en sait quelque chose, avec la même efficacité que durant les crises laitières, qui ont mis la profession à mal en moins de cinq ans.
C’est justement en vous appuyant sur vos initiatives de l’année écoulée dans le secteur laitier que vous proposez de renforcer le rôle du médiateur dans la résolution des litiges entre producteurs et transformateurs ou distributeurs. Or votre médiateur se retrouvera dans le rôle qui fut le vôtre lors des tables rondes de la filière laitière, celui d’un spectateur impuissant face aux ravages causés par l’importation non encadrée de denrées agricoles à bas coût et à la concurrence déloyale extra-européenne et intra-européenne, devant la brutalité dont font preuve des géants de la distribution et de la transformation.
J’entendais un certain nombre de mes collègues expliquer que la solution serait la baisse des charges.