Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du 8 janvier 2014 à 21h45
Agriculture alimentation et forêt — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Le Bourgeois gentilhomme faisait de la prose sans le savoir. De même, j’ai découvert ce qu’étaient selon le Gouvernement les agro-écosystèmes : « ils utilisent les ressources naturelles, en particulier les ressources en eau, la biodiversité, la photosynthèse, les sols et l’air ». J’ai appris des choses ce soir !

En fait, monsieur le ministre, vous décrivez ici la fin du ministère de l’agriculture et l’ébauche d’un futur ministère de l’agroécologie : c’est l’idée qu’il faudrait fusionner une activité de production qui, comme cela a été dit, date de plusieurs milliers d’années, et des impératifs auxquels nous devrions adapter nos modes de vie modernes, notamment le fameux développement durable.

Vous effectuez un certain nombre de mélanges. Vous mélangez la compétitivité et l’efficience lorsque vous dites que l’agriculture ne peut être compétitive qu’à partir du moment où elle diminue sa consommation d’intrants. Vous mélangez la qualité et le bio quand vous considérez qu’une agriculture de qualité est uniquement une agriculture qui s’oriente vers le bio – ce n’est pas ce que vous écrivez dans cet amendement, mais c’est ce que vous avez dit précédemment. Il peut y avoir d’autres agricultures de qualité, en termes de terroir ou de choix des produits, sans pour autant passer par le bio. Il existe plusieurs objectifs d’agriculture de qualité.

Par ailleurs, votre description de l’agroécologie est marquée par une vision très malthusienne, et c’est ce qui m’inquiète. Vous avez une vision très repliée de l’agriculture, très malthusienne et très pessimiste quant à l’avenir. Vous en arrivez à transformer une activité de production en une activité de jardinier qui serait davantage préoccupé par des questions de protection de l’environnement que par son objectif initial, à savoir nourrir les Français et les Françaises.

Pour résumer ce que je vous reproche, votre vision de l’agriculture idéale est marquée par deux grands absents. En premier lieu, vous oubliez la production ; or il faut quand même se concentrer sur l’objectif principal, à savoir que les Français et les Françaises se nourrissent bien et à un prix raisonnable. Mon deuxième reproche rejoint les propos du président Jacob : la notion humaine est totalement absente de votre raisonnement. Vous êtes extrêmement inquiets de ce qui peut arriver aux plantes ; en revanche, l’humain qui vit au milieu de cet écosystème ou de ces « systèmes écosystémiques » – je ne sais plus exactement quel est votre jargon – n’est pris en compte nulle part.

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