Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du 14 janvier 2014 à 15h00
Agriculture alimentation et forêt — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Madame la présidente, monsieur le ministre, messieurs les rapporteurs, monsieur le président de la commission, mes chers collègues, après Brigitte Allain et André Chassaigne, c’est avec coeur et bonheur que je défends le vote du groupe socialiste, républicain et citoyen en faveur du projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Ce texte renforce le virage opéré par la politique agricole commune grâce à la combativité du Président de la République, du Gouvernement et du ministre de l’agriculture en particulier. Non seulement nous avons sauvé un budget, mais nous avons réorienté la politique agricole commune, laquelle sera plus verte, plus juste. Il fallait un cadre national pour son application et pour donner de nouvelles impulsions. Tel est le sens de ce projet de loi, qui crée une boîte à outils et, parmi ces outils, il y a une boussole.

Ainsi avons-nous créé les groupements d’intérêt économique et environnemental qui renouent avec la tradition mutualiste et collective du monde agricole et qui seront un véritable laboratoire de l’agro-écologie.

Nous disposons d’outils pour protéger la terre contre un urbanisme trop désinvolte, pour mieux la partager au service de la liberté d’entreprendre pour tous, liberté indispensable si nous voulons permettre le renouvellement de la génération des entrepreneurs ruraux, des nouveaux agriculteurs.

Nous disposons d’outils pour moderniser la coopération, rééquilibrer les interprofessions, défendre les AOP et les IGP : personne n’imaginerait une mirabelle qui ne soit pas made in Lorraine. Des outils spécifiques permettent de suivre les produits phytosanitaires au-delà de leur mise sur le marché et d’assurer la sécurité sanitaire. Enfin, nous donnons une impulsion sans précédent pour dynamiser le biocontrôle sur lequel nous fondons de grands espoirs.

L’enseignement agricole est une filière éducative d’excellence, qui favorise la promotion sociale – je peux personnellement en témoigner. Son excellence peut être reconnue à l’échelle internationale si nous savons regrouper les forces des instituts vétérinaires et agronomiques français.

La forêt se voit conforter dans sa mission récréative et productive ainsi que dans son rôle de stockage du carbone, qui permettra d’attirer des fonds nécessaires à la reconquête de la valeur ajoutée pour la transformation de nos bois. Des solutions inédites ont été trouvées pour les agricultures ultramarines, notamment pour la reconquête dans la diversité du marché intérieur. En ce qui concerne l’agriculture de montagne, des chemins nouveaux ont été défrichés.

Nous sommes dans une période de transition, et notre boîte à outils a pour vocation d’accompagner le monde de l’entreprise et les professions agricoles et forestières. Mais ce texte s’inscrit dans un projet global et, avec le rapporteur, nous avons eu à coeur de l’enrichir. Après cette première lecture, il a pris une dimension plus territoriale, plus sociale et affiche une dimension internationale, notamment en ce qui concerne la lutte contre la faim dans le monde.

Nous avons eu un débat passionnant avec l’opposition sur la compétitivité et nous avons réaffirmé que la vraie compétitivité puisait sa force dans l’agronomie, la durabilité, le respect des biens communs que sont l’eau, l’air et la biodiversité. Nous avons rappelé que la valeur ajoutée en agriculture passe désormais par l’emploi, notions qui ne s’opposent pas. Nous avons rappelé que nous voulons un modèle de développement qui associe les uns aux autres. Nous sommes parvenus à une loi qui défend l’alimentation de qualité pour tous.

Bien sûr, il s’agit d’une étape, parce que des périls demeurent : financiarisation du foncier, spéculation sur les matières premières, risques de rapports léonins avec la grande distribution. Les risques du libéralisme sont là et d’autres combats nous attendent. Mais sachons apprécier le moment présent, la qualité de l’étape que nous franchissons et réjouissons-nous.

Dans la période de l’après Première Guerre mondiale, dont nous allons célébrer le centenaire, période marquée par la misère et le désarroi en milieu rural, est né un mouvement social qui a beaucoup inspiré le mouvement de modernisation et d’émancipation du monde agricole, qui s’est concrétisé dans les lois Pisani, rendez-vous historique entre le monde paysan et l’État. Le slogan de ce mouvement paysan était : « Sois fier, paysan ! » Soyons fiers, chers collègues, socialistes, écologistes, démocrates et républicains d’accompagner un mouvement d’avenir pour le monde rural, l’agriculture et la forêt. La France rurale que l’on aime, c’est celle de la tradition qui n’est pas la réaction, celle qui innove et coopère. Elle est à l’image de la France qu’on aime. Oui, soyons fiers de défendre ensemble, au-delà de la majorité, cette loi d’avenir pour la France et les espaces ruraux.

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