Plus de quinze années d'études sur le site de MeuseHaute-Marne ont démontré les excellentes qualités de confinement de la radioactivité qu'offrirait la couche d'argilite du Callovo-Oxfordien (COx). Cette couche homogène de cent trente mètres d'épaisseur est située à cinq cents mètres de profondeur en moyenne. Elle a été reconnue sur une extension suffisante pour y implanter le stockage des déchets du programme industriel de gestion des déchets (PIGD).
Notre avis est qu'à l'aboutissement de ces études on ne progressera plus notablement dans la connaissance des propriétés du COx à partir des observations indirectes faites en surface, puisqu'il n'est pas question de forer pour procéder à une reconnaissance directe. En revanche, cette reconnaissance directe sera réalisable de façon optimale au moment de la réalisation de la tranche une de Cigéo. Notre recommandation est de mettre à profit toutes les informations qui pourront être recueillies au cours de la construction de cette première tranche pour alimenter un programme scientifique de perfectionnement des connaissances du COx.
Parallèlement à la caractérisation de l'argile, l'Andra a mené des études importantes sur les scellements destinés à obturer les ouvrages d'accès au site, les galeries d'accès ainsi que les descenderies et les puits. Ces scellements consistent en des noyaux d'argile gonflante confinés par des assises en béton. L'Andra a notamment entrepris des essais qui ne peuvent pas être réalisés dans le laboratoire souterrain en raison de l'exiguïté des galeries et de la durée considérable d'un essai à l'échelle un. À l'heure actuelle, la modélisation est donc essentielle. Un certain nombre d'expérimentations sont utiles pour en montrer la faisabilité technique.
En résumé, la question des scellements, chargés d'assurer une redondance de confinement de la radioactivité, ne pourra pas être traitée de manière complète au moment du dépôt du dossier de demande d'autorisation de création (DAC) de Cigéo en 2014. Nous avons considéré que cela n'était pas rédhibitoire, à condition que l'Andra poursuive activement son programme de recherche en intégrant le retour d'expérience des autres pays. En effet, la technologie des scellements que l'Andra envisage est aussi celle qu'étudient la plupart des pays concernés par le stockage profond.
Parallèlement à ces essais technologiques, l'Andra a réalisé des progrès significatifs en matière de modélisation des processus de transfert dans le COx – hydrauliques et de transport de solutés en présence ou non de gaz – qui influent sur la mobilité éventuelle des radionucléides. L'Andra possède à présent des outils extrêmement performants pour simuler les phénomènes engendrés, à différentes échelles, par les transferts de fluides au sein du COx. Ces modèles permettront d'évaluer les performances du stockage et d'affiner l'analyse de sûreté qui accompagnera la DAC.
Comme vous le savez, l'Andra a déposé, à la fin de l'année 2012, auprès du ministre concerné, des esquisses du projet Cigéo réalisées avec l'aide de son maître d'oeuvre système, Gaïa, association de Technip et Ingérop. Ces esquisses ont été soumises à une revue de projet conduite début 2013. Celle-ci a confirmé les choix de l'Andra, qui prennent en compte les exigences de sûreté, notamment en matière d'incendie. Ces choix ont conduit à un certain nombre d'évolutions des schémas d'esquisses. En particulier, l'Andra a porté à 500 mètres – au lieu de 400 mètres – la longueur des alvéoles de moyenne activité à vie longue (MAVL), pour réduire les coûts engendrés par un certain nombre d'exigences de sûreté, liées aux risques d'incendie.
L'Andra doit maintenant préciser les pistes d'optimisation du projet Cigéo et les questions scientifiques et techniques à traiter pendant et après le creusement. Ce programme devra être disponible avant le dépôt de la DAC.
Enfin, nous avons réfléchi sur la nécessité que Cigéo présente une flexibilité suffisante pour prendre en charge la grande variété des déchets MAVL et s'adapter aux évolutions possibles de la politique énergétique. Nous pensons notamment au fait que l'ensemble des combustibles irradiés pourrait ne pas être traité, ce qui conduirait à stocker directement des combustibles usés non vitrifiés. Un certain nombre de ces combustibles sont déjà prévus dans Cigéo, mais il s'agit de ceux des réacteurs de recherche non électrogènes. Nous avons également estimé, concernant les déchets MAVL, que des études poussées sont encore nécessaires pour prévoir et optimiser le conditionnement et le mode de stockage de certains déchets contenant des métaux pyrophoriques – capables de s'enflammer spontanément dans l'air –, comme le sodium et le magnésium, ou des produits organiques. Comme pour les bitumes, nous estimons que l'Andra et les producteurs devront constituer pour ces déchets un dossier complet de connaissances, précisant les études sur leur comportement, en situation de stockage, en conditions normales et incidentelles, en particulier face à un incendie.
Voici l'ensemble des éléments techniques et technologiques soulignés dans notre rapport cette année.