Intervention de Roger-Gérard Schwartzenberg

Séance en hémicycle du 3 juillet 2012 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration — Déclaration de politique générale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoger-Gérard Schwartzenberg :

En effet, la République n'est pas seulement un agencement d'institutions, c'est aussi un système de valeurs forgé au cours de notre histoire. Or, aujourd'hui, ces valeurs sont parfois oubliées ou contestées. Ces dernières années et les récentes campagnes électorales ont vu ressurgir chez certains des discours et des attitudes contraires à l'éthique républicaine : le recours au préjugé, le choix de l'intolérance, le rejet de l'autre, la stigmatisation de telle ou telle minorité, comme les Roms, la critique implicite de tel ou tel culte, la mise en cause des immigrés, voire des Français issus de l'immigration, présentés comme susceptibles de mettre en péril l'identité nationale. Faudrait-il, à ce compte, bannir des livres d'histoire Gambetta et Zola, fils d'immigrés italiens ? Faudrait-il aussi retirer des musées les tableaux de Modigliani, Chagall et Picasso, tous nés à l'étranger ? Faudrait-il, enfin, extraire des bibliothèques, les livres de Nathalie Sarraute venue de Russie et les travaux de Marie Curie originaire de Pologne. (Applaudissements sur les bancs des groupes RRDP et SRC.) En fait, ils sont nombreux, ceux qui venus d'ailleurs, ont contribué à écrire l'histoire de la France, à illustrer sa culture et à conforter son identité. Chacun doit être considéré avec respect, avec tolérance. Nous croyons fondamentalement à l'égale dignité des êtres humains, et nous refusons qu'ils soient traités différemment selon leur origine, leur couleur ou leur confession.

Autre valeur républicaine à préserver et aussi à promouvoir, face aux dogmatismes et aux intégrismes de tous bords, qui voudraient imposer leur loi particulière : la laïcité. Dès son article premier, notre Constitution définit la France comme une république laïque. Notre pays respecte toutes les croyances, il garantit le libre exercice des cultes, mais il n'en reconnaît aucun. Cette neutralité de l'État à l'égard des religions est consacrée par la loi de séparation de 1905, dont il importe aussi d'inscrire les principes fondamentaux dans notre Constitution. Ces règles permettent à tous de vivre ensemble, par-delà les appartenances ou les différences confessionnelles, qui ne doivent concerner que la sphère privée.

De Jules Ferry à Jean Zay, les radicaux ont toujours été fondamentalement attachés à l'école publique et laïque, qui remplit une mission essentielle : accueillir sur les mêmes bancs tous les élèves, quelles que soient leur origine, leur confession, leur condition. Elle est par excellence l'école de tous, sans distinction ni différence, celle qui assure l'apprentissage en commun de la vie commune. Cette école est le creuset même de la France républicaine. Elle est l'un des principaux facteurs de l'intégration et de l'unité nationale. Je tiens à rendre hommage aux maîtres, aux enseignants de la République, qui contribuent chaque jour à maintenir et à conforter la cohésion de notre pays.

Monsieur le Premier ministre, vous avez devant vous une tâche considérable : redresser les comptes publics, relancer l'économie, assurer le progrès social et aussi rassembler la Nation. La période précédente a souvent été marquée par le recours au clivage, par la stratégie de la tension, par la tentation de dresser les uns contre les autres. Pourtant, le rôle d'un homme d'État, c'est de rechercher non pas le conflit mais le consensus, non pas la division mais le rassemblement, c'est de construire une société apaisée, une société de concorde, qui soit main tendue et espoir partagé. Nous vous faisons confiance pour cela aussi, pour bâtir une France plus humaine et plus juste, qui soit réellement attentive à chacune et à chacun. Nous agirons donc avec vous, à vos côtés, pour parvenir à cette fin, pour que la République redevienne elle-même, fidèle à ses valeurs, pour qu'elle retrouve ses racines, ses traditions, pour qu'elle exprime de nouveau son message véritable, un message qui s'identifie à ces quelques mots, très simples mais très nécessaires : respect, justice, fraternité. (Applaudissements sur les bancs des groupes RRDP, SRC, écologiste et GDR.)

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