Le rapport de la Cour des comptes, aux conclusions duquel j'adhère, témoigne des tentatives de l'Union européenne pour coordonner les politiques énergétiques des Etats membres, ce qui, compte tenu de la diversité des situations, apparaît difficile, voire insurmontable.
Je m'arrêterai un instant sur le cas de l'Allemagne, notre alter ego, qui se targuait jusqu'à présent de mener, en matière énergétique, une politique éthique, incitant certains d'entre nous à en faire le modèle à suivre. Nous en sommes loin aujourd'hui : l'essor des hydrocarbures non conventionnels aux Etats-Unis met sur le marché mondial du charbon peu cher, que l'Allemagne achète massivement. Si l'on ajoute à cela les abondants gisements de lignite de la Ruhr, notre voisin « éthique », grand producteur d'énergie fossile, s'est en réalité reconverti dans les énergies les plus polluantes, avec un taux de rejet de carbone record, entraînant dans son sillage des pays comme la Tchéquie ou la Pologne. Peut-on, dans ces conditions, espérer une meilleure cohérence des politiques européennes ? Pourrait-on faire en sorte que les militants allemands ne traversent pas la frontière pour venir en Alsace protester contre la politique nucléaire française, pendant que nous avons la politesse de ne pas leur envoyer de manifestants brandissant des slogans « Stop CO2 » ou « Stop carbone » ?
Ma deuxième remarque porte sur la mise en commun des moyens de recherche. Il me paraît essentiel en effet de développer celle-ci, notamment sur le stockage de l'énergie, car, à l'exception de l'hydroélectricité, le développement des énergies renouvelables butte sur cette question du stockage.
Ma dernière question portera sur le prix du kilowattheure en France, qui augmente non pas du fait du renchérissement de nos coûts de production, mais pour des raisons externes, liées notamment à l'obligation que nous avons d'acheter et d'intégrer dans nos prix les énergies renouvelables que les Allemands produisent massivement à certaines heures et qui sont prioritaires sur notre réseau. Afin de protéger le revenu des Français les plus modestes, n'est-il pas indispensable de limiter la hausse du prix du kilowattheure ?