Pour que les employeurs aient envie d'investir dans la formation, il faut d'abord leur présenter un produit attractif. Voilà pourquoi il est essentiel de responsabiliser les branches et les organismes paritaires collecteurs agréés. Le contexte général peut certes compliquer la tâche des entreprises, mais c'est en leur permettant d'investir dès que ce contexte s'améliore – et non en les soumettant à une contrainte – que nous les inciterons à relever les défis qui s'annoncent en prenant en compte leurs besoins réels, voire en faisant preuve d'audace. Qu'il s'agisse de la formation ou de l'outil de production, d'innover ou d'exporter, il est risqué de ne pas investir et la grande majorité des entrepreneurs le savent.
Toutefois, parce qu'il s'agit d'opérer un véritable changement de culture et parce qu'en la matière le dialogue social est essentiel, nous créons également une obligation de rencontre régulière avec les salariés. Cela ne vous paraît peut-être pas assez, mais j'ai entendu – non sans surprise – les partenaires sociaux expliquer que beaucoup de salariés n'osent pas parler de compétences avec leur supérieur ou leur employeur, de peur de paraître avouer leur incompétence. Les organisations syndicales n'ont donc guère discuté le bien-fondé de l'entretien biennal.
À l'employeur donc d'engager le dialogue avec chacun de ses collaborateurs, mais en tenant compte de la stratégie de l'entreprise – ce qui répond à votre question sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, monsieur Liebgott. En outre, au sein du 1 %, 0,2 % dédiés au compte personnel de formation pourront rester à la disposition des salariés au titre d'un accord d'entreprise. Cette mesure favorisera elle aussi le dialogue social sur les compétences dans l'immense majorité des entreprises qui établira un tel accord.
Pourquoi le DIF a-t-il échoué ? Au début, on pouvait utiliser ce droit pour financer n'importe quelle formation, sans tenir le moindre compte des besoins de l'entreprise ou du territoire : cela n'a guère encouragé les entrepreneurs à entrer dans le dispositif. En outre, l'accord de l'employeur était nécessaire et le socle payé par l'entreprise. Désormais, même si les 0,2 % sont financés par l'entreprise, le socle sera collectif et non à la seule charge de l'entrepreneur. Mais il faudra aussi faire oeuvre de pédagogie à propos du CPF ; nous en avons beaucoup parlé entre partenaires sociaux.
La gestion du CPF, que seuls trois opérateurs avaient les moyens d'assurer, devrait être confiée à la Caisse des dépôts. Le salarié bénéficiera d'un accès direct à son compte en ligne. Nous, partenaires sociaux, devons encore travailler à rendre ce site clair et attractif.
Tous les points stratégiques de l'accord interprofessionnel ont-ils été retenus ? Nous avons veillé à établir un équilibre, à concevoir un tout. Pour préserver cet équilibre, nous devons avoir les moyens de travailler dans des conditions optimales avec les régions, au service des demandeurs d'emploi. Il s'agit d'un point sensible auquel nous demeurerons très attentifs jusqu'au bout.