La crise mêle des temporalités différentes. Il faut répondre à différents problèmes et en même temps configurer des réponses pour l'avenir. L'Europe, en quelques mois, a progressé dans sa réponse de court terme pour garantir la stabilité financière, avec l'acceptation d'une mobilisation du Mécanisme européen de stabilité (MES), notamment par l'Allemagne, pour soutenir le secteur bancaire. La Banque centrale européenne (BCE) a indiqué, pour la première fois, qu'elle jouerait le rôle de préteur en dernier ressort. Si l'Europe ne retrouve pas rapidement le chemin de la croissance, elle continuera à s'enfoncer. Dans ce contexte, la capacité à régler les problèmes de dette serait illusoire. À ce stade, il faut mettre en oeuvre les décisions prises. Or, c'est frappant, l'Europe est encline à ne pas appliquer ou à revenir sur les décisions qu'elle prend.
S'agissant de la discipline budgétaire, la France a adopté le TSCG et nous avons le semestre européen ainsi qu'un dispositif domestique encadrant notre processus budgétaire national. Il faut marquer une pause pour voir si ces dispositifs permettent d'atteindre les objectifs fixés.
En ce qui concerne l'Union bancaire, la supervision de l'ensemble des banques est nécessaire car les interconnections sont telles qu'une crise systémique peut naitre de la faillite d'une seule banque. Une supervision la plus large possible est la condition pour rétablir la confiance.
Il serait opportun de généraliser la taxe sur les transactions financières. Or un État en particulier s'y oppose. Une coopération renforcée permettrait d'avancer et constituerait un premier pas pour agréger d'autres États. C'est une piste pour apporter des ressources propres au budget européen et ainsi contribuer à éviter une crise des recettes, dans un contexte où il est difficile de demander plus d'efforts aux pays contributeurs.
Enfin, la configuration de l'Europe est posée : il faut garantir son unité. La dynamique de l'Europe, c'est le mouvement ; il ne faut pas freiner les pays qui souhaitent avancer. Si l'on reste prisonnier d'approches purement nationales, l'Europe s'effondrera ou, du moins, fera du surplace. À cet égard, je comprends la position de la Pologne, qui a la volonté de rejoindre la zone euro, mais il est essentiel de stabiliser cette dernière en la dotant de nouveaux outils de gouvernance, avec un processus inclusif permettant d'assouplir la prise de décisions.