En ce qui concerne l'exception culturelle et l'accord de libre-échange avec les États-Unis, vous connaissez ma position. Mais les commissaires européens travaillent ensemble au sein d'un collège où leurs décisions sont prises à la majorité et doivent être ensuite appliquées par tous. J'ai toutefois réussi, avec quelques autres, à faire intégrer au mandat qui a été adopté la confirmation de l'obligation, inscrite dans les traités, de protéger et de promouvoir la diversité culturelle. Nous avons également oeuvré pour la ratification de la convention de l'Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et nous avons clairement exprimé dans le mandat la nécessité de défendre cette position de l'UE lors des négociations. Je me suis en outre assurée que je pourrais, avec d'autres commissaires, prendre part aux discussions qui suivront les négociations. Enfin, avant que M. De Gucht n'entame les négociations, nous discuterons avec lui des conditions qui seront au fondement de l'accord. La décision a été prise par le collège des commissaires ; la prochaine étape sera une décision du Conseil.
L'EIT repose sur un principe inédit adopté en 2008. C'est le seul établissement qui réunisse les trois faces du triangle des connaissances : la recherche, l'entreprise ou l'innovation et, pour la première fois, l'éducation. Notre but est de promouvoir l'innovation en Europe, où elle fait paradoxalement défaut malgré une recherche de haut niveau et des entreprises très performantes. C'est une question d'état d'esprit. Nous devons encourager l'entreprenariat dont nos jeunes ont besoin. À cette fin, l'EIT finance des communautés de connaissance et d'innovation qui regroupent en un cluster la recherche, l'éducation et l'entreprise dans une région donnée et qui sont établies dans différents centres en Europe. Les trois premières travaillent respectivement sur le changement climatique, sur l'énergie et sur les nouvelles technologies. Elles sont installées dans cinq centres de colocation et organisent des masters et des doctorats permettant aux jeunes d'étudier la théorie mais également de bénéficier d'une expérience professionnelle dans les secteurs d'activité partenaires de leur établissement. Ils peuvent en outre choisir leur université dans les différents centres où ils travaillent.
Jusqu'à présent, les résultats ont été particulièrement prometteurs. Nous avons donc inclus l'EIT dans le programme Horizon 2020 pour l'innovation et la recherche et nous avons obtenu pour lui la souplesse et la simplification des règles dont l'industrie est demandeuse. Nous avons également proposé de créer de nouvelles communautés de connaissance et d'innovation dans six domaines : la santé, l'alimentation de l'avenir, les matières premières, la mobilité urbaine, les sociétés sécurisées et la valeur ajoutée de l'industrie. Nous en sommes à la phase de discussion entre le Parlement et le Conseil sur le nombre de communautés qui pourront être créées compte tenu de la réduction budgétaire décidée par le Conseil. En effet, ceux qui sont chargés de conclure les partenariats doivent savoir précisément dans quels domaines ils vont oeuvrer.
La qualité des enseignants est la condition principale d'une formation réussie. Leur formation initiale et continue, notamment dans le domaine des nouvelles technologies, y contribue de manière décisive, comme le soulignait la communication de la Commission intitulée « Repenser l'éducation ». Nous ne pouvons pas accepter que les élèves maîtrisent les nouvelles technologies mieux que leurs professeurs ! Mais si ces derniers parviennent à se former, la motivation et le niveau des élèves s'améliorent immédiatement.
Le respect des droits d'auteur et des droits des créateurs est essentiel. Dans notre monde numérique, nous devons offrir à nos concitoyens un accès légal aux contenus pour éviter le piratage, tout en préservant les droits de tous les acteurs de la culture, tout au long de la chaîne – écrivains, artistes, acteurs, chanteurs, etc.
Comment reconnaissons-nous et soutenons-nous les 23 langues officielles de l'Union – elles seront 24 cette année, après l'adhésion de la Croatie – et ses 60 langues minoritaires et régionales ? Si nous ne parlons, ne traduisons ni n'interprétons dans ces langues, nous soutenons par nos programmes les réseaux qui défendent telle ou telle minorité, telle ou telle langue. Malheureusement, la seule recherche que nous ayons menée sur le sujet montre qu'il reste beaucoup à faire pour parvenir à notre objectif de maîtrise de deux langues étrangères par chaque Européen. Nous ne sommes même pas parvenus à ce que 50 % des étudiants maîtrisent la première langue étrangère apprise. Je sais que cela concerne la France, à propos de l'apprentissage de l'anglais. Selon l'étalon pour l'apprentissage des langues que nous adopterons l'année prochaine si les ministres de l'éducation l'approuvent, au moins 50 % des adolescents de 15 ans devraient parler couramment la première langue et 75 % des étudiants apprendre une deuxième langue. Nous espérons nous rapprocher ainsi de notre objectif.