Cette réforme de la PAC nous donne une ultime occasion de réconcilier le consommateur et le monde paysan. L'heure n'est pas à désigner des coupables, et, pour notre part, nous n'avons jamais vu les choses ainsi. Nous considérons que le monde agricole dans sa très grande majorité a suivi les voies qu'on lui avait demandé d'emprunter et que les agriculteurs en sont eux-mêmes les premières victimes, économiques assurément, et même parfois sanitaires, lorsqu'ils meurent ou tombent malades du fait des pesticides.
Les jeunes agriculteurs souhaitent de nouvelles relations avec le reste de la population. Ils aspirent à retrouver de la considération, à être rémunérés au juste prix de leur travail, à sa qualité. Ils éprouvent aujourd'hui du désarroi. Il nous faut les soutenir dans leur démarche. Il est difficile de convertir une exploitation au bio. Notre fondation met en avant des agriculteurs qui se sont engagés dans cette voie, sans même attendre d'aides, et y ont réussi. C'est la preuve que sur le terrain, le changement est en marche. En ce domaine, comme pour tout ce qui touche à l'écologie, valorisons l'expérience et appuyons nous sur ce qui marche dans les territoires.
Reste à passer du constat à une vision. En effet, on ne mobilise pas sur un constat, mais sur des idéaux et des propositions concrètes. Vous évoquiez, madame la présidente, l'agro-foresterie. J'ai connaissance en ce domaine d'expériences intéressantes où des agriculteurs ont pu diversifier leur activité et consolider leurs revenus. Loin d'être archaïque, l'agro-foresterie allie le bon sens paysan et les enseignements d'une recherche des plus sophistiquées.
En 2008, les spéculateurs ont migré des marchés financiers vers les marchés des matières premières, agricoles en particulier, avec les conséquences graves qui peuvent en résulter. Nous souhaiterions bien sûr qu'à terme, les biens communs que constituent les produits agricoles soient soustraits à la spéculation.
Vous avez souligné qu'il n'était pas facile d'introduire davantage de produits bio dans les cantines scolaires, dans le respect des dispositions du code des marchés publics. Comme nous avons pu le constater à Lons-le-Saunier, où notre fondation a travaillé avec la commune à la passation d'un contrat d'approvisionnement en produits locaux auprès d'agriculteurs qui ont modifié leurs pratiques culturales, de façon à en limiter l'impact sur la ressource en eau, il est d'ores et déjà possible d'instaurer un cercle vertueux. Mais il est vrai que si le code des marchés publics comportait une clause de mieux-disant écologique, les marges de manoeuvre seraient plus grandes.