Intervention de Alain Lamassoure

Réunion du 5 décembre 2012 à 16h30
Commission des affaires européennes

Alain Lamassoure, député européen :

Je partage votre philosophie, Monsieur le Ministre.

Dans l'Europe de la défense, ce qui a manqué jusqu'à présent aux dirigeants est le sens de l'urgence. La montagne a accouché d'un grand nombre de souris, de beaucoup de bureaucratie et d'états-majors. Mais nous avons laissé passer les grandes occasions qu'ont constitué la fin de la guerre froide et la tragédie de 2001. Nous avons aussi manqué, d'une certaine manière, l'occasion présentée par le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN.

Survient aujourd'hui une nouvelle occasion formidable : nous sommes ruinés ! Comme non seulement nous n'avons plus d'argent mais nous n'avons plus d'ennemis, tous les pays font porter leur effort d'économies d'abord sur le budget de la défense.

Il y a dès lors deux options. Soit nous continuons la réduction des budgets nationaux engagée depuis plusieurs années, et nous nous retrouverons bientôt avec vingt-sept armées d'opérette incapables de mener le moindre combat. Soit nous essayons de mutualiser. Nous nous réjouissons que vous vous engagiez dans cette voie.

Cela étant, il est clair qu'on ne peut aller très loin en ce sens dans le cadre de l'Union des 27. Il faut faire de la coopération structurée. J'ai du mal à comprendre, à cet égard, votre méthode et votre calendrier. Le document adopté par le groupe « Weimar + » est une liste de tâches, ce n'est pas une analyse commune des menaces. Or cette analyse est la première chose à mutualiser, pour en déduire ensuite une stratégie et l'établissement d'un programme d'action, d'un calendrier, d'une méthode de travail et d'une structure de travail et de décision.

La France a par ailleurs engagé la rédaction d'un Livre blanc qu'il aurait mieux valu placer dans le cadre d'un Livre blanc européen. Elle s'apprête à mettre en place une programmation d'équipement sans attendre un accord plus vaste, si bien qu'elle imposera à ses partenaires ses propres choix.

Bref, je discerne mal la cohérence de cette démarche. Les souris précédemment mentionnées ne donneront pas tout de suite un tigre, certes. Mais si l'on pouvait arriver à un chat, ce serait déjà un progrès !

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