Le SatCen est également très sollicité par Mme Ashton pour se faire une idée de ce qui se passe en Syrie. Cela a d'ailleurs posé un problème budgétaire à cette agence, au point que le SEAE, qui a lui-même peu de moyens, a décidé de lui consacrer une ligne de financement. C'est donc bien qu'il répond à un besoin.
La multiplication des structures de gestion de crise est, j'imagine, tout aussi impressionnante à l'OTAN, et il y a, effectivement, certainement moyen d'introduire un peu de rationalisation. À mon avis, deux structures sont très importantes, la première étant la CMPD – direction de la planification et de la gestion de crises – qui résulte des conclusions du Conseil européen de décembre 2008. C'est la vraie cellule de planification stratégique pour toute opération de PSDC qui, avec de très faibles moyens, arrive à faire des choses extraordinaires. La deuxième structure est la CPCC – capacité civile de planification et de conduite – qui pilote les opérations civiles, mais qui, selon tous les chefs de mission, n'a pas l'organisation requise pour tenir ce rôle d'OHQ. Il y a donc là un travail à faire. Malgré toutes les structures existantes, il en manque pourtant une qui serait l'équivalent militaire de la CPCC. Mais cela renvoie au débat principal et, sur ce sujet aussi, la France pense mais ne parle plus trop alors que nos partenaires allemands et polonais du triangle de Weimar n'hésitent pas à le remettre sur la table régulièrement.
Le capitaine Sanogo est arrivé par opportunisme, en naviguant au gré des circonstances dans un univers sans référence et corrompu. À mesure que le gouvernement transitoire acquiert de la crédibilité, notamment grâce à l'intervention française, il y a moins de place pour des lieutenants qui font rêver des militaires un peu perdus. En restant prudent, on peut penser que, politiquement, il est déjà marginalisé et que peu de monde veut s'appuyer sur lui. Le Président Traoré aurait essayé de le canaliser et de le mettre de côté et, dans leur communication, la cinquantaine de pays UA et CEDEAO réunis hier ont appelé à la dissolution des structures parallèles. Autrement dit, il y a consensus sur l'idée que Sanogo n'est qu'un lieutenant parmi d'autres et qu'il a perdu sa capacité d'entraînement.
S'agissant d'EUTM, le général Lecointre, chef de la mission, a une vision au sujet de laquelle je vous invite à l'auditionner. Il pense restructurer l'armée en deux étapes : d'abord, en assurant une formation et une structuration de commandement aux forces de l'armée les plus efficaces qui combattent au Nord ; ensuite, en recrutant des jeunes qui seraient formés dans ce cadre. Très attentif aux problématiques des droits de l'homme, ses engagements sur des terrains très difficiles ont convaincu le général que, au sein d'une armée, ce qui distingue un criminel d'un guerrier, c'est le rapport au chef.