Intervention de Jean-Louis Falconi

Réunion du 6 février 2013 à 8h30
Commission des affaires européennes

Jean-Louis Falconi, ambassadeur, représentant de la France auprès du Comité politique et de sécurité de l'Union européenne :

Il est conscient de l'enjeu et sa vision est de reconstruire une armée autour d'un idéal d'armée et de chef crédibles.

Sur la question de la participation, il y a eu deux conférences de génération de forces, dont la dernière a eu lieu hier. Globalement, 491 postes sont à pourvoir : à peu près 250 en formation et 200 en protection de la force. Dix-neuf États membres participent au volet formation avec, pour l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne, de gros bataillons de quarante hommes. Les participations à la protection de la force ont été plus délicates à trouver. À l'issue de la conférence de génération de forces d'hier, la France assurerait les quatre cinquièmes de la protection de la force, le dernier cinquième dépendant de décisions politiques en cours dans les pays pressentis, et l'Allemagne fournirait l'hôpital de campagne, ce qui est une grosse contribution. Manquent encore les évacuations sanitaires et le deuxième élément d'un des quatre cinquièmes de la protection de la force qui concerne la protection du quartier général à Bamako, le premier étant la protection du camp de formation de Koulikoro assurée par la France. Dix-neuf États membres qui participent, c'est plutôt rassurant. Si l'on arrive à envoyer des Estoniens à Bamako ou à Koulikoro, c'est tout de même qu'une certaine logique de mutualisation s'est installée et que le travail de conviction a produit ses effets.

EUTM-Mali est le résultat d'une des leçons tirées de notre action dans la Corne de l'Afrique. Considérant que l'AMISOM ne durerait pas éternellement et que les Somaliens devaient pouvoir se défendre eux-mêmes, la France, toute seule, a commencé, à l'été 2009, à former des soldats somaliens à Djibouti. Au moment où j'arrivais au COPS, on tentait de transposer l'opération dans un modèle européen qu'on a eu un mal fou à faire prévaloir. Les pays avaient émis un nombre de caveat impressionnant, craignant notamment de voir les militaires formés passer chez les rebelles. Un ensemble de conditions a été posé, en particulier le financement des soldes des militaires devait être assuré. Les États-Unis et l'Italie notamment s'en sont chargés, ce qui a constitué un élément du succès de la mission. Après que toute une force de conviction ait été déployée et maints garde-fous mis en place, EUTM-Somalie, dont l'objet était de former des militaires somaliens en Ouganda, a été lancée très prudemment, avec essentiellement des moyens français et sous le commandement d'un Espagnol. Aujourd'hui, nous avons vingt personnes dans cette mission qui est passée sous la direction d'un Irlandais. Tous les États membres ont volé au secours de cette mission, dont ils ont plaisir à reconnaître qu'elle a un vrai sens puisque la plupart des militaires formés ont rejoint les forces de sécurité somaliennes. Maintenant que la situation est meilleure en Somalie, il est envisagé d'y faire basculer une partie de la mission, mais pas la formation, en l'insérant dans l'armée somalienne et ses structures de commandement. Le succès d'EUTM-Somalie nous a servi d'appui pour promouvoir EUTM-Mali.

La cyberdéfense est un domaine où l'on peut difficilement demander à l'Union européenne de faire plus que ce que les États membres eux-mêmes ont commencé à faire. Au sein des Vingt-sept, la prise de conscience est à la fois inégale et tardive. Le Royaume-Uni s'est emparé du sujet le premier, la France s'y est bien mise aussi. J'avais reçu à Bruxelles Jean-Marie Bockel qui venait voir s'il était possible d'intégrer un volet européen dans le travail qu'il avait entrepris. Malheureusement, c'est un sujet sur lequel l'Union européenne pâtit de son approche globale. La cyberdéfense est évoquée dans les conseils qui traitent de télécommunications, de défense, de justice-affaires intérieures. Avec le représentant permanent Philippe Etienne, nous avons voulu organiser une réunion avec les six personnes de l'ARP qui s'occupent de cela. Or, le jour de la réunion, nous n'avons pas pu les avoir toutes, car elles étaient retenues à droite et à gauche. Si cela se passe ainsi à l'ARP française, je vous laisse imaginer ce que cela donne au niveau des directions générales et des conseils. Nous avons tout de même réussi à constituer un groupe horizontal cyberdéfense à Bruxelles, dont les membres, compte tenu de la multiplicité des compétences, ne pourront que faire office de pivots dans une discussion à vingt-sept sur la cyberdéfense au sens global. Tout cela suppose des coordinations internes, qui supposent elles-mêmes des coordinations interministérielles internes et des engagements des États membres, ce qui est le cas du Royaume-Uni et de la France, mais pas nécessairement de tous.

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