Intervention de Benoît Roger-Vasselin

Réunion du 30 mai 2013 à 11h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Benoît Roger-Vasselin, président de la commission Relations du travail, emploi, formation du MEDEF :

À notre avis, il n'existe aucune contradiction entre les CSF et les branches ; le problème est de bien les articuler. Il importe de développer une vision stratégique, et le MEDEF y travaille. Avant-hier soir, nous avons, avec l'UPA, la CGPME, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC, présenté à la presse un rapport commun sur la question. D'une manière générale, nous considérons qu'une réflexion stratégique collective nationale, voire européenne, devrait aller de pair avec un affinement à l'échelon local ; il faut veiller à la bonne complémentarité des deux, tout en évitant les redondances.

S'agissant des nouveaux outils, nous sommes demandeurs d'un dialogue qui nous permettrait d'aller davantage dans le détail ; nos équipes sont à votre disposition pour cela. Il reste que dans la période actuelle, pour nous, la priorité est le retour de la croissance : tant que le bateau n'avance pas, il ne sert à rien d'agiter le gouvernail dans tous les sens. À notre avis, cela implique une diminution générale des charges, mais nous sommes parfaitement conscients de la difficulté de la situation et nous reconnaissons les efforts qui ont été faits. Depuis que Laurence Parisot en a pris la direction, le MEDEF a l'intérêt général comme point de mire ; au « y'a qu'à… faut qu'on », nous préférons le dialogue et la réflexion collective avec les pouvoirs publics, les partenaires sociaux et les régions.

Pour ce qui est de la responsabilité des régions dans la formation professionnelle, il peut en sortir le meilleur comme le pire. Il fut très compliqué de persuader les entrepreneurs du bien-fondé de l'accord de 2009, car selon eux il n'y avait aucune raison que l'argent des entreprises serve à pallier les carences de l'éducation nationale ; ils estimaient en outre qu'ils n'avaient pas à former des jeunes qui n'avaient jamais travaillé et qui n'avaient pas été formés. Avec Jean-François Piliard, nous avons fini, après moult difficultés, par les convaincre qu'il fallait être solidaires avec ces jeunes. En tant que directeur des ressources humaines, j'ai toujours été choqué par l'attitude de mes collègues qui reprochent à des jeunes de ne pas avoir de première expérience sans vouloir la leur offrir. Mon équipe, qui comprend une trentaine de personnes, est organisée en groupes de cinq ; quand un poste se libère, les quatre autres doivent recruter un jeune qui n'a jamais travaillé, lequel prend en retour l'engagement de procéder de même par la suite. Cela fonctionne ainsi depuis une douzaine d'années, et certains de mes collaborateurs ont accédé à des fonctions importantes après avoir commencé de cette manière ; malheureusement, je n'ai pas réussi à étendre ce mode de fonctionnement au reste du groupe !

Dans l'idéal, il serait important qu'à l'échelon territorial, les élus participent à la formation professionnelle, mais d'après les échos que j'ai du terrain, les entrepreneurs craignent que les élus ne fassent main basse sur la formation professionnelle et la réservent aux chômeurs. Or, s'il nous semble normal que la formation professionnelle paie son écot, nous récusons le sophisme – répandu à droite comme à gauche – consistant à dire que l'argent de la formation professionnelle ne doit pas servir à former des personnes déjà formées : permettre à un ingénieur de se maintenir au plus haut niveau suppose de dépenser beaucoup d'argent en formation professionnelle.

Là encore, je veux être optimiste. Si l'on se met autour d'une table, si chacun essaie de comprendre les problèmes des autres, si les élus dialoguent avec les partenaires sociaux locaux, en liaison avec les partenaires sociaux nationaux – qui déterminent les grandes orientations stratégiques –, on peut aboutir à des résultats de qualité. Nous avons prévu d'aborder la question lors de la grande conférence sociale des 20 et 21 juin prochains, dans le cadre du groupe de travail « Emploi et formation professionnelle » ; d'ailleurs, la commission que je préside au MEDEF s'appelle désormais « Relations du travail, emploi et formation », parce que les trois sont liées.

Nous sommes donc prêts à travailler en ce sens, mais à condition de faire passer l'intérêt général en premier. Or les échos que j'ai du terrain sont plutôt pessimistes. Du coup, il y a des tentations de repli de la part de certains employeurs. Il faudrait arriver à restaurer un climat de confiance, de façon à ce que les entrepreneurs comprennent qu'il est de leur intérêt que la formation professionnelle se passe au plus prêt du terrain ; quant aux élus locaux, ils devraient être attentifs à ne pas donner l'impression aux entreprises qu'ils veulent les déposséder de la formation professionnelle.

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