Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du 26 juin 2013 à 9h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

La zone euro, dites-vous, a permis de grandes avancées. Sans doute est-ce de l'humour, tant le bilan est accablant : notre croissance est la plus faible du monde ; le nombre des chômeurs de la zone euro s'est accru de 3 millions depuis 2009 tandis qu'aux États-Unis il reculait de 3 millions ; pis, la divergence des économies en vient à poser un problème grave entre la France et l'Allemagne.

La raison de ces difficultés, c'est bien sûr la valeur trop élevée de l'euro – les politiques américaine ou japonaise réussissent bien mieux – mais aussi un problème structurel que personne ne veut reconnaître : on a plaqué une monnaie unique sur des économies aux compétitivités et aux démographies différentes.

D'une certaine manière, vous avez reconnu l'impasse en indiquant que vous avez résolu le problème de liquidité mais que vous n'avez pas réglé – parce que vous ne le pouvez pas – le problème de solvabilité et de différence de compétitivité. Vous proposez une fuite en avant qui a déjà échoué. Les réformes structurelles se révèlent catastrophiques dans les pays du Sud, elles nourrissent des mouvements protestataires forts et aboutissent à une impasse que reconnaît le FMI.

Ce furent la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Italie, c'est maintenant la France. Dans votre incroyable fuite en avant supranationale et autoritaire, vous rendez-vous compte à quel point l'échec économique et social de la zone euro est en train de faire détester l'idée même de l'Union européenne, qui devait reposer sur le progrès et le respect des peuples ?

Cette politique n'est pas le seul fait de la Banque centrale, qui a, pour ainsi dire, sauvé les meubles et repoussé le délai. Aussi n'ai-je qu'une seule question à vous poser : avez-vous prévu un scénario alternatif de « démontage » de l'euro ? Les troubles sociaux et politiques seront très forts – mais en avez-vous conscience ? Vous citiez Victor Hugo. Le peuple français n'est ni le peuple grec ni le peuple espagnol. Vous devez vous attendre à une crise sociale et politique de grande ampleur qui aboutira à la sortie de l'euro.

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