Intervention de Gilles Savary

Réunion du 26 février 2013 à 18h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Savary :

Mon intervention ne porte pas sur la forme de la proposition : dans le cadre d'un contrôle démocratique, nous avons parfaitement le droit, et parfois le devoir, d'être véhément.

Je suis plutôt mal à l'aise avec l'objet même de votre communication, qui me semble enfermée dans une approche très « franco-française » . Quelques chiffres suffiront à éclairer mon sentiment.

D'abord, il est évident que notre pays souffre de graves difficultés de compétitivité, à laquelle notre majorité s'est attelée. Mais dans le même temps, une autre nation, qui partage la même monnaie, dégage 180 milliards d'euros d'excédents sans dénoncer une parité scandaleusement défavorable. Les performances allemandes doivent nous inviter à regarder un peu plus loin que l'horizon des changes.

Ensuite, j'ai vécu l'expérience des années 1980. Nous avons procédé à quatre dévaluations. Et, après chacune d'entre elle, nous avons dû constater que la balance commerciale était… encore plus déficitaire. A l'inverse, après dix années de « franc fort » , le commerce extérieur français a connu, jusqu'en 2002, des excédents systématiques.

Et il n'y a guère de paradoxe ici. C'est tout simplement parce que la compétitivité dépasse largement la problématique étroite de la compétitivité coût. L'appareil industriel français hérité des années 70 comportait en effet des entreprises bien trop vulnérables, incapables d'investir ou de se moderniser, maintenues à flot par les « piqures de dopage » des dévaluations qui, semble-t-il, nous tentent beaucoup en ces jours. Ce n'était pas leur rendre un service que d'entretenir cet accoutumance dangereuse.

N'oublions pas non plus que l'euro a baissé de 1,6 dollar par unité en 2007 à 1,3 aujourd'hui, sans que nos performances commerciales ne se soient guère améliorées. Il nous faut beaucoup plus que de pieuses incantations, aux biens faibles chances de concrétisation d'ailleurs compte tenu de l'opinion de l'Allemagne. C'est une politique industrielle, une politique commerciale – éventuellement d'ailleurs dans une perspective de négociation avec les pays émergeants afin de les faire renoncer à des manipulations de changes qui nous affaiblissent tous – qu'il faut savoir mobiliser, ce qui implique une ambition dépassant largement les enjeux du change de l'euro.

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