Intervention de Alain Terrenoire

Réunion du 19 février 2013 à 17h00
Commission des affaires européennes

Alain Terrenoire, rapporteur de la section des affaires européennes et internationales du CESE sur la coopération franco-allemande :

En mars dernier, la section européenne et internationale du CESE a étudié, à l'occasion des grandes manifestations prévues pour célébrer le cinquantième anniversaire du traité de l'Élysée, la situation de la relation franco-allemande, privilégiée depuis cinquante ans, et dans quelle mesure celle-ci avait fait avancer l'Europe et pourrait continuer à le faire.

Le bilan de cette relation est extrêmement positif : en témoignent l'Office franco-allemand pour la jeunesse, qui a échangé 8 millions de jeunes à travers 300 000 manifestations, Arte, Airbus, les liens entre les gouvernements français et allemand par le biais de nombreuses réunions à plus ou moins haut niveau, les échanges entre nos sociétés civiles ou la connaissance réciproque entre nos deux peuples.

Sur le plan de la construction européenne, le bilan est aussi très important : sans nos deux pays, il n'y aurait pas pu y avoir de système monétaire européen, l'élection au suffrage universel du Parlement européen à partir de 1979, le grand marché institué par l'Acte unique, le traité de Maastricht et la création de l'euro ou le traité de Lisbonne, qui constituent autant d'avancées indiscutables.

Si les relations entre les chefs d'État de nos deux pays ont souvent mis du temps à bien fonctionner, on voit que sans une entente étroite entre ceux-ci et entre nos deux gouvernements, beaucoup de questions européennes auraient du mal à avancer.

Nous avons fait plusieurs suggestions, en considérant qu'il appartenait à nos deux gouvernements d'aller au-delà de ce qui existe et de ne pas avoir la crainte de déplaire aux autres États membres – lesquels peuvent parfois redouter qu'une entente trop étroite entre nos deux pays puisse nuire au bon fonctionnement de l'Union.

Si aux mois de juin et de décembre derniers, les Conseils ont accompli des avancées indiscutables, à la suite de la réunion budgétaire de la semaine dernière, de vives interrogations ont été soulevées. Celles-ci, relayées par le Parlement européen, créent une incertitude sur le résultat de la programmation budgétaire pour les années à venir.

Pour le CESE, il est indispensable de se tourner vers les citoyens européens et les sociétés civiles pour les amener à se réapproprier l'idée européenne – que beaucoup ont abandonnée, ce qui se traduit par certaines formes préoccupantes de rejet politique déjà évoquées – et à réinvestir dans la jeunesse.

Lorsque j'étais jeune, il y avait dans l'opinion un intérêt majoritaire pour l'Europe, que ce soit en France ou en Allemagne, avec un objectif, un horizon et une mobilisation européens. L'Europe était perçue comme une nouveauté succédant à des décennies de conflit entre la France et l'Allemagne comme entre les Européens eux-mêmes. Aujourd'hui, au-delà des avantages apportés par Erasmus ou l'abolition des frontières, la mobilisation pour la cause européenne s'est largement estompée, voire a souvent disparue. Les réactions existant en Espagne, en Grèce, en France ou en Grande-Bretagne notamment le montrent. Il est donc nécessaire, si l'on ne veut pas courir de risques politiques ou sociaux trop importants, de convaincre la société européenne qu'il n'y a pas d'autre objectif envisageable, crédible, réaliste et efficace que de s'engager vers une Europe puissance, indépendante, solidaire et souveraine – avec des transferts nouveaux de compétences. Un chantier est d'ailleurs indispensable entre la France et l'Allemagne sur ce point – car, sans elles, l'Europe n'est pas possible.

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