Intervention de William Dumas

Réunion du 19 février 2013 à 17h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaWilliam Dumas :

Comme président du CESE ou comme médiateur, je vous écoute toujours avec plaisir, monsieur Delevoye, car vous avez cette fibre sociale qui manque à certains.

Vous avez parfaitement raison d'invoquer la responsabilité des hommes politiques. Nous le voyons bien dans nos circonscriptions : quand quelque chose ne fonctionne pas, on accuse souvent l'Europe, perçue plutôt comme un problème que comme une solution. C'est vrai même dans le secteur agricole. Sans l'Union européenne, notre agriculture serait morte depuis longtemps, mais cela, j'ai du mal à le faire comprendre à mes interlocuteurs. Et c'est ainsi que l'on voit monter le populisme, en particulier chez les jeunes.

Vous avez parlé d'espoir. Si l'Europe ne donne pas une espérance, si nous, politiques, nous n'envoyons pas un message d'espoir, comment réagiront nos jeunes, accablés par le chômage, même quand ils sont diplômés ?

Les différents systèmes politiques ont tous échoué : peut-être est-il temps de se mettre autour d'une table et de travailler sérieusement à une alternative. Or, au niveau européen, alors que l'on devrait parler de relance, on parle de gestion financière, de comptabilité… On serre la vis au maximum, mais voyez l'état dans lequel on a mis des pays comme la Grèce, l'Espagne ou le Portugal ! Combien de Portugais cherchent à émigrer, car ils n'ont plus de boulot ?

J'ai été frappé par le rapprochement entre Mme Merkel et M. Cameron lors du dernier conseil européen. Chacun a voulu sauver sa mise. C'est un mauvais signe adressé à nos opinions. Au lieu d'augmenter les crédits européens, en particulier ceux destinés à la lutte contre la pauvreté, on les a réduits radicalement, avec les conséquences que l'on peut imaginer pour les associations telles que les Restaurants du coeur en France.

Tous ces problèmes me font redouter une désagréable surprise lors des prochaines élections européennes. Espérons au moins que la montée du populisme va conduire à une prise de conscience au sein des partis, et que l'on ne se contentera plus de joutes oratoires. L'Europe se trouve à un tournant, et ce tournant, elle ne doit pas le manquer.

Ainsi, l'Europe de la défense, évoquée par mon collègue, est encore inexistante. Le conflit au Mali en est un bon exemple, tant nos partenaires européens ne se bousculent pas pour y participer.

Vous avez parlé des contacts que noue le Conseil économique, social et environnemental avec les différents syndicats européens. Je suis persuadé que vous pouvez jouer un rôle important dans l'harmonisation des politiques sociales et du travail. Quel que soit le pays concerné, une institution telle que la vôtre aura plus de chances de faire évoluer les choses qu'un affrontement entre politiques.

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