Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 3 juillet 2012 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration — Déclaration de politique générale du gouvernement

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Mon cher ancien collègue président, nous avons eu, dans le passé, des joutes oratoires, mais je voudrais vous dire une chose aujourd'hui : la confrontation des opinions politiques ne doit pas conduire, même si nous avons de profonds désaccords, à répéter des contrevérités qui sont des mensonges, comme le font tous les orateurs de l'UMP. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Je citerai un seul de ces mensonges, pour ne pas être trop long : vous dites que le gouvernement à peine installé a déjà engagé 20 milliards d'euros de dépenses. Eh bien, je vous réponds : en disant cela, vous cherchez à tromper les Français ! (« C'est vrai ! » sur les bancs du groupe SRC. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.)

Les trois grandes priorités annoncées pendant la campagne, c'est-à-dire la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire, la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant vingt ans et les mesures d'urgence dans l'enseignement, représentent 800 millions d'euros, et sont financées sans dégrader les comptes publics. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

C'est la vérité. Dire la vérité, c'est ma politique et c'est ma ligne de conduite. Quand des contrevérités seront affirmées et répétées, il sera de mon devoir de les dénoncer. (Mêmes mouvements.)

J'aurais pu rappeler, tout à l'heure, qu'il y a exactement cinq ans, l'ancienne majorité – devenue, depuis, l'opposition : c'est la démocratie – avait fait voter avant toute concertation, dès le 1er août, la fameuse loi TEPA qui, en cinq ans, a coûté 20 milliards d'euros aux contribuables et dont nous devons encore continuer à payer le coût. (Mêmes mouvements.)

Pour le reste, monsieur le président Jacob, il me sera difficile de vous répondre, tant vous avez continué sur la même ligne, au point que je me suis même demandé, un peu comme pour M. Borloo, si vous m'aviez vraiment écouté. Il est vrai qu'il y avait alors un tel brouhaha venant de votre côté que je ne vous en veux pas… (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Je vous dis simplement qu'il ne vous suffira pas de vociférer pour retrouver la confiance des Français. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Quant à vous, monsieur le président Borloo, je voudrais vous dire que j'avais par moments le sentiment que vous faisiez preuve de bonne volonté. Vous vous dites prêt au dialogue : je vous prends au mot. Mais – peut-être faut-il aussi mettre cela sur le compte du bruit – j'ai l'impression que vous ne m'avez entendu parler ni de la transition énergétique, ni de l'économie verte, dont j'ai pourtant dit qu'elle était est un facteur de croissance.

J'ai également l'impression que vous ne m'avez pas écouté lorsque j'ai dit que notre ambition était la réindustralisation de la France. En dix ans, nous sommes passés d'une proportion d'emplois industriels de 23% à 13% aujourd'hui. Nous avons perdu 750 000 emplois dans l'industrie, c'est dire – mais j'ai cru comprendre, monsieur Borloo, que vous étiez ouvert sur ce point – l'ampleur de ce qu'il faut faire pour le redressement d'une ambition industrielle pour la France. C'est notre priorité. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)

Je suis conscient qu'il y a des situations d'urgence, des plans sociaux qui, comme je l'ai dit tout à l'heure, ont été retardés. J'ai là une petite liste d'entreprises concernées, qui comprend Air France, Bouygues Telecom et, vous l'avez dit, PSA, dont la situation est très préoccupante, mais aussi le groupe Doux, la SNCM, Rio Tinto, Heuliez : ce sont des milliers d'emplois qui sont menacés.

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