Nous recevons aujourd'hui, conjointement avec la commission de la Défense, deux éminents responsables religieux de la République centrafricaine : Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui depuis 2012 et l'imam Oumar Kobine Layama, président de la Communauté islamique centrafricaine. Nous avions convié également le révérend Nicolas Guérékoyamé-Gbangou, président de l'Alliance des Évangéliques de l'Afrique centrale mais un deuil terrible – sa fille est décédée brutalement – l'a contraint à rentrer en Centrafrique. Je lui exprime en votre nom toute notre sympathie dans ce moment si douloureux.
Je remercie l'association Crisis Action qui a oeuvré à l'organisation de cette rencontre.
Suivant les événements de près, nous savons que la République centrafricaine est confrontée depuis des mois à une situation dramatique. La journée d'hier a tout de même apporté trois bonnes nouvelles : l'élection par le Conseil national de transition de Mme Catherine Samba-Panza comme Présidente intérimaire de Centrafrique ; l'accord des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne sur le principe d'une opération militaire ; enfin, une réunion à Bruxelles ayant rassemblé une quarantaine de pays et une vingtaine d'organisations internationales a consacré la mobilisation financière de la communauté internationale en faveur de la RCA. Cependant, la situation humanitaire est catastrophique : des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés, entre un et deux millions de personnes sur une population de 4,5 millions sont menacées de famine. La situation politique demeure incertaine après les soubresauts du processus de transition. Enfin, la République centrafricaine doit faire face à une insécurité généralisée qui mine ses chances de sortir de la crise. Les exactions et les représailles sont massives, quotidiennes. Depuis plusieurs semaines, elles ont pris un aspect confessionnel terrifiant, chaque communauté se mettant sous la protection des forces internationales et françaises, sans lesquelles plus de sang encore aurait coulé.
Votre rôle, messieurs, est d'autant plus important. Depuis le début de la rébellion Séléka, fin 2012, vous avez multiplié les déplacements conjoints dans les zones de conflit et les appels à la réconciliation. Vous vous êtes faits les inlassables avocats de la cause de votre pays et de vos concitoyens. Le jour de Noël, vous avez appelé ensemble à la paix et à la réconciliation au cours d'une cérémonie interreligieuse dans la cathédrale de Bangui. Petit à petit, la grande solidarité dont vous témoignez entre vous fait école comme l'a montré il y a deux jours l'action héroïque de deux prêtres de Boali qui ont sauvé du massacre un convoi de réfugiés musulmans en les abritant dans leur église.
Votre position de témoins privilégiés de la crise qui meurtrit votre pays fait de vous des interlocuteurs précieux.