Je remercie les élus présents et, à travers eux, la France qui n'a jamais cessé de voler au secours de la population centrafricaine depuis qu'elle est parvenue à l'âge d'homme.
Le peuple centrafricain n'a jamais connu une telle crise humanitaire, malgré les mutineries et autres révoltes, les coups d'État. L'archevêque vient de vous décrire brièvement combien la situation est grave : les maris des femmes dépouillées et violées seront tentés de divorcer d'elles et elles ne pourront plus trouver d'autre mari par crainte des infections. Les enfants vivent depuis plus d'un an dans la brousse, exposés à toutes sortes de maladies, attendant sous le soleil ou la pluie l'assistance de la France, de l'Union européenne et de la communauté internationale. La famine pointe à l'horizon après deux ans sans campagne agricole. Les semences ont été perdues ou incendiées. Comme l'aide humanitaire extérieure ne suffira pas à nourrir les populations, il faut inciter les agriculteurs et les éleveurs à reprendre leur travail. Dernier aspect de la crise humanitaire, des personnes originaires de pays étrangers qu'elles ne connaissent pas sont forcées de partir, au détriment de notre économie. Ce sont autant de défis que la Présidente va devoir relever, et nous avons le devoir de l'assister dans sa tâche.
La condition sine qua non pour que les élections puissent être organisées, c'est le désarmement de tous. Le pays n'est pas seulement l'otage des Séléka et des anti-Balaka, mais encore de la Lord's Resistance Army, la LRA, qui sévit depuis 2008 dans l'Est et le Sud du pays dont la population a été abandonnée à elle-même. Sur tout le territoire, les infrastructures scolaires ont été pillées, saccagées – les bancs des écoles ont disparu –, les infrastructures sanitaires également : il n'y a plus ni lit ni matelas ni médicament pour les malades ; les femmes accouchent par terre. La situation est extrêmement grave et nous espérons que la France se fera notre porte-parole auprès de ses partenaires et nous aidera à relever ces défis. Il faut savoir que la plupart des provinces, là où les forces d'intervention ne se sont pas déployées, sont encore sous l'autorité des officiers des Séléka qui font office à la fois de préfets et de douaniers… L'administration a volé en éclats et il faut aider le Gouvernement à organiser le pays et des élections crédibles et acceptables par tous. Sinon, nous retomberons dans les mêmes problèmes dont nous venons témoigner devant vous de la gravité.