Intervention de Mgr Dieudonné Nzapalaïnga

Réunion du 22 janvier 2014 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Mgr Dieudonné Nzapalaïnga :

Nous sommes convaincus qu'il faut une issue politique à la crise. Nous avons des hommes et des femmes politiques. À un moment, la peur a été la plus forte et on n'osait plus parler par crainte des représailles. Il faut donc créer la confiance pour que chacun puisse s'exprimer et contribue à animer la vie sociale. Ce n'est pas notre rôle ; nous ne sommes que des pasteurs.

L'État n'est qu'un fantôme, je l'ai dit. Tous les documents ont été détruits par les rebelles, qui s'en sont pris à la mémoire du pays : les actes de naissance ont été saccagés. Nous avons été sidérés en arrivant à Bambari de voir tous ces papiers dans les rues, auxquels il ne fallait pas toucher sous peine d'être fouetté comme opposant à la Séléka. Les policiers, les gendarmes, les magistrats se sont réfugiés dans la brousse et ceux qui sont restés ont été humiliés. Je pense à un commandant de brigade de Bozoum demeuré sur place pour sauver sa femme et leurs six enfants, réduit au rôle de garde-barrière. Dans les écoles, les bancs ont été brûlés, les bulletins détruits. Dans les hôpitaux, les milices emportaient les matelas, abandonnant les malades sur place. Elles ne pensaient qu'à détruire. Maintenant, il faut tout reprendre à zéro. L'administration doit retrouver sa place dans tout le pays et nous faisons confiance aux agents pour regagner leur poste. Pour que justice soit rendue, il faut qu'il y ait un juge, un greffier et un local pour accueillir les plaideurs.

S'agissant des élections, ne cédons pas à la précipitation. Dans les villages, les gens se connaissent. Notre grosse crainte actuellement, ce sont les projets des Séléka qui se replient vers le nord, en direction de Birao, entraînant derrière eux des populations. Pourquoi ? Un des anciens rebelles prône la division du pays, entre un sud chrétien et un nord musulman où, sans désarmement préalable, le recensement sera difficile. Comment l'agent recenseur pourra-t-il, sous la menace d'une arme, refuser d'enregistrer tel ou tel même s'il n'est pas centrafricain ? Nous préférerions instaurer une cohabitation fraternelle pour que les musulmans restent.

Nous considérons que, tôt ou tard, la mission Sangaris et la MISCA devront se convertir en opération onusienne. La France ne pourra pas assumer seule, il faudra que d'autres pays s'impliquent. Je l'ai dit à l'ambassadeur américain à Rome, je le dirai aussi à Londres. Chacun doit apporter sa contribution.

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