Intervention de Noël Mamère

Réunion du 15 janvier 2014 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

On trouve dans les exposés liminaires de M. Vielajus et M. Michaïlof tout le terreau des amendements que nous pourrions déposer pour améliorer ce projet de loi, en effet plus incantatoire que normatif.

La principale inquiétude porte sur notre aide bilatérale, notamment notre aide aux pays les plus pauvres. Tant que cela, qui est le coeur de notre politique d'aide au développement, n'aura pas été révisé, rien ne changera vraiment et tout ce que nous pourrons faire ne jouera jamais qu'à la marge.

Que pensez-vous, monsieur Michaïlof, du mode de financement innovant du développement que pourrait constituer la taxe sur les transactions financières ? L'Union européenne a, hélas, reculé sur ce sujet, et on peut légitimement être inquiet.

L'accaparement des terres est un problème grave. La fabrication de nos smartphones, soyons en conscients, est au coeur des stratégies géopolitiques puisqu'elle fait appel à des terres rares, qu'on ne trouve que dans certains pays et devenues, avec d'autres ressources minières, extrêmement précieuses. Il suffit de voir la bataille qui se livre aujourd'hui autour d'elles.

Évoquant l'exigence de responsabilité sociale et environnementale, notre collègue Paul Giacobbi a cité le cas de l'Inde. Mais ce n'est pas de l'Inde dont a parlé M. Vielajus. Il visait la responsabilité des entreprises qui exploitent de façon éhontée les populations les plus pauvres du monde. Au Bangladesh, des entreprises comme Zara ou H&M n'ont toujours pas endossé la responsabilité sociale qui est la leur.

Pour le reste, la France devrait commencer par se regarder elle-même et changer ses pratiques. La renégociation du contrat entre Areva et le gouvernement nigérien pour l'exploitation de l'uranium, qui est en cours, pourrait en donner l'occasion. Alors que le Niger est le pays le plus pauvre du monde à l'indice du développement humain, de 1971 à 2010, ne lui sont revenus que 13% des revenus issus de l'exploitation de l'uranium. Une ampoule sur trois en France contient de l'uranium extrait au Niger tandis que 90% des Nigériens ne disposent pas de l'électricité !

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