Ce que vous dites du charbon casse certaines idées reçues : l'augmentation de l'utilisation du charbon en Allemagne mais aussi en France n'est pas liée aux choix de mix énergétique dans ces pays, elle tient bien plus au contexte international affectant le gaz et le charbon.
Je vous sais également gré d'avoir indiqué que le choix du mix électrique, pour peu que l'on prenne les précautions que vous avez mentionnées, ne posait pas, comme on l'objecte souvent, de problèmes techniques insurmontables – même s'il ne s'agit nullement, de ma part, d'en nier la complexité.
Pensez-vous que la tendance à la baisse des prix de l'électricité constatée actuellement s'inscrira dans la durée ? Est-elle liée à des phénomènes de surproduction sur la plaque européenne ?
La variabilité de la consommation est particulièrement préoccupante en France. Alors que le photovoltaïque et l'éolien engendrent une variabilité de la production, nous avons pour spécificité des variations de consommation qui sont fonction de la météo, du fait de l'usage du chauffage électrique. La part que ce mode de chauffage a prise en France ne se traduit-elle pas par une vulnérabilité particulière ? Vous avez évoqué différents moyens d'y répondre – effacement, marché de capacité, centrales à cycle combiné gaz –, mais ne conviendrait-il pas de s'attaquer au problème à la source, par des politiques de diversification du chauffage et d'isolation thermique des logements ? Que peut-on attendre de ces initiatives dans l'évolution des problèmes de pointe électrique ? Dans ces périodes hivernales de pointe, il est rapporté que la France représente la moitié de la pointe européenne.
Qu'en est-il également de la variabilité en cas d'arrêt fortuit d'une centrale nucléaire, comme cela se produit de plus en plus souvent ? Selon la Commission de régulation de l'énergie, que nous avons auditionnée la semaine dernière, ces arrêts ne correspondent pas à des choix destinés à peser sur le prix de l'électricité, mais bien à des incidents. Comment les gérez-vous, sachant que, certains jours, ce sont plusieurs fois 900 MW qui s'arrêtent ?
Le plan d'investissements de RTE prévoit la construction d'environ 2 000 km de lignes à haute tension dans les dix prochaines années. Les chiffres sont sensiblement les mêmes en Allemagne, à ceci près que, chez nos voisins, le plan s'inscrit dans la transition énergétique (Energiewende) : l'éolien produit de l'électricité en quantité dans le Nord et il faut la transporter vers le Sud. On le voit, c'est la modification de la politique électrique qui explique cet investissement massif. Ce n'est pas le cas en France, où aucune décision n'a été prise quant à une éventuelle réorganisation de la production électrique. Dès lors, quels sont les motifs de ces investissements dans des lignes à haute tension ? S'agit-il d'une anticipation des besoins futurs ?
Enfin, RTE sera-t-il capable de faire face à l'arrêt définitif de la centrale de Fessenheim en 2016 et de continuer à assurer, sur le territoire concerné et sur l'ensemble du territoire, l'acheminement de l'électricité ? Confirmez-vous que vous serez prêts à la date fixée par le Président de la République et par le Gouvernement ?