Je ne sais pas si cela tient à l'établissement d'une transparence complète où à une véritable augmentation de la fréquence de ces arrêts. Par ailleurs, tout arrêt non programmé est défini comme un arrêt fortuit. Mais la réalité est pour nous très différente selon que nous avons ou non le temps de prendre des mesures. De par mon expérience, je peux dire que nous ne constatons pas d'augmentation des difficultés. Les pannes de centrales nucléaires ne sont pas plus nombreuses. Si c'était le cas – je n'ai pas ici les chiffres –, je le saurais !
Quant aux investissements prévus dans les infrastructures de transport en Allemagne et en France, ils ne sont pas tout à fait comparables même s'ils concernent dans tous les cas la très haute tension – 225 000 et 400 000 volts.
À ma connaissance, les 2 000 km programmés en Allemagne sont uniquement des couloirs nord-sud. L'Allemagne connaît un déséquilibre structurel entre un Nord producteur – notamment en raison de l'éolien – et un Sud davantage consommateur. L'interconnexion entre ces deux zones étant insuffisante, le plan Energiewende prévoit la mise en place de couloirs spécifiques pour faire face aux urgences. Mais il faut y ajouter des ouvrages plus conventionnels destinés à répondre au développement de la production et de la consommation à certains endroits. En France également, bien que la hausse de la consommation soit très faible, les disparités régionales s'accroissent. Certaines régions consomment de plus en plus, d'autres de moins en moins, on assiste à des déplacements de populations, etc.
Le détail des investissements de RTE figure dans notre schéma décennal de développement, publié tous les ans. Comme pour tout le réseau européen, il y a trois principales raisons à notre développement : le changement de forme de la consommation ; le changement de forme de la production, que l'on constate en dépit de l'absence de grande décision sur le futur mix énergétique ; l'amélioration de l'interconnexion du réseau, qui nous amène, entre autres, à développer l'interconnexion avec l'Espagne et l'Italie de manière à tirer le meilleur parti de la production.
À titre d'exemple, nous sommes en bonne voie pour achever une liaison avec l'Espagne, où, à l'heure actuelle, il n'est pas rare que la production d'électricité renouvelable soit arrêtée. C'est arrivé lors de la semaine de Pâques 2013 pour l'ensemble de la production éolienne et pour une partie de la production photovoltaïque, qui se trouvaient alors gratuites et abondantes du fait de la situation de quasi-île électrique de l'Espagne.