C'est un sujet dont on parle beaucoup. Le concept est très séduisant. Il faut à la fois en explorer toutes les implications techniques et le considérer avec un peu de recul. Beaucoup de graphiques existent sur les moments où l'on produit de l'énergie solaire et les moments où on la consomme. En poussant le raisonnement jusqu'à la caricature, lorsque la personne est partie en vacances, le panneau photovoltaïque installé sur son toit produit beaucoup et l'autoconsommation est nulle. De même, si elle rentre du travail à 19 heures, elle aura besoin d'une énergie que le panneau ne peut plus produire.
En résumé, je considère les dispositifs d'autoconsommation avec beaucoup de sympathie s'ils sont globaux, avec beaucoup d'antipathie s'ils sont locaux. Sur un maillage aussi large que possible – le niveau pertinent est l'Europe –, on peut utiliser très intelligemment cette énergie produite en milieu de journée et lui substituer une autre source à 19 heures. Mais l'idée assez répandue d'une autarcie énergétique à un niveau très local conduit à de grandes difficultés à la fois techniques – sans moyens économiques de stockage, les défaillances seront inévitables – et économiques – sans le foisonnement et l'optimisation d'ensemble, les coûts augmenteront fortement.
Cette idée recèle cependant de vrais gisements. Il convient de consommer localement autant que possible et certaines utilisations sont tout à fait pertinentes. En Italie du sud, il n'est pas absurde qu'un supermarché alimente sa climatisation par des panneaux photovoltaïques, puisque sa consommation correspondra aux moments où le soleil et la chaleur sont à leur maximum. Il faut porter un regard lucide sur les différents cas de figure. Comme je l'ai dit, on peut tout faire ; la seule erreur, c'est le déni de la réalité.