Intervention de Odile Marcel

Réunion du 22 janvier 2014 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Odile Marcel, philosophe et écrivain :

Je vous remercie, monsieur le président, de nous donner l'occasion de nous exprimer devant les parlementaires, car il appartient aux techniciens que nous sommes de les aider à faire avancer la nation.

Nous avons créé ce collectif car nous avons le sentiment que le processus de transition énergétique est beaucoup plus contrôlé que nous ne le pensons. Un certain nombre de compétences sont d'ores et déjà disponibles, et il suffirait d'un peu de courage politique pour que nous nous engagions clairement dans la recherche de cet équilibre souhaitable pour notre économie, notre environnement et notre société.

Nous sommes convaincus que la transition énergétique n'est pas ingérable. Un certain nombre d'expériences concluantes sont menées à bien dans nos territoires, ce qui montre que le développement durable n'est ni une utopie, ni une exigence prophétique impraticable.

Au cours du siècle dernier, l'aménagement du territoire a fait l'objet, en quelques générations, de transformations radicales dues à l'arrivée du pétrole, énergie abondante et peu chère mais dont nous n'avions pas évalué les conséquences.

Prenons l'exemple du périphérique parisien. Sa fonctionnalité est maximale puisqu'il permet aux automobilistes de faire le tour de Paris en un temps très court, mais, contrairement aux aménagements qui avaient été réalisés auparavant, comme les ponts sur la Seine ou le métro aérien, il est dépourvu de qualités spatiales. La fonction a pris le pas sur la forme et la visibilité, ce qui dénote une rupture dans l'art d'aménager puisque traditionnellement, depuis Vitruve, nous cherchions à donner aux infrastructures, au-delà de leur fonction, un visage représentant ce qu'elles apportent à la société.

La brutale modernisation de la Ville de Paris, à l'époque de Georges Pompidou, a ainsi oublié la qualité visuelle des ouvrages.

Ce n'est pas l'esprit du tram, qui ne traduit pas la modernité triomphale et aveugle de ces structures performantes dont nous n'avions pas identifié les dégâts collatéraux – qui, d'après les plus extrémistes, pourraient mettre en péril la biosphère elle-même. Le tram est une structure remarquable en ce qu'il témoigne de la compatibilité de ses différentes fonctions : non seulement il achemine des voyageurs mais il le fait dans le silence, en réalisant des économies d'énergie, et le support engazonné apporte une certaine grâce aux boulevards des Maréchaux.

Cette innovation délivre un double message : un message culturel – il existe des solutions techniques qui correspondent aux attentes de la société – et un message politique – toute implantation technique doit désormais correspondre à un projet de société. Sans un tel message, la confiance disparaît et le pacte social se dissout.

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