es projets de développement énergétique font très souvent l'objet de contentieux et la plupart de ceux qui sont rejetés le sont pour des questions relevant du paysage. Or la notion d'atteinte au paysage, très subjective, est difficile à appréhender par le juge et tout aussi difficile à anticiper pour l'aménageur ou la collectivité.
Le terme de paysage fait l'objet de nombreuses confusions. Pour certains, il renvoie à la nature, tandis que pour d'autres, il reflète une certaine image du passé. Depuis près de 50 ans, rendus frileux par la façon dont le monde évolue, nous percevons le paysage comme un refuge identitaire. Ainsi, les propriétaires de résidences secondaires, très nombreuses dans notre pays, apprécient les paysages en espérant qu'ils n'évolueront plus, ce qui va à l'encontre de l'intérêt des populations qui y habitent. J'appelle cela la « lutte des paysages ».
Pour sortir de cette difficulté, la France a ratifié en 2006 la Convention européenne du paysage, qui définit le paysage comme « une partie de territoire telle qu'elle est perçue par les populations sous l'angle de l'aménagement du territoire, de la perception visuelle et de la sensibilité ». Cette convention crée un objectif de qualité paysagère auquel doit répondre désormais tout projet et toute infrastructure.
Plusieurs territoires sont à ce jour membres du réseau des Territoires à énergie positive (TEPOS) et devraient parvenir à l'autonomie énergétique à l'horizon 2030-2040. C'est le cas notamment de la Communauté de communes du Mené ou de la Biovallée, dans la Drôme.
Les projets de développement énergétique ont plus de chances d'aboutir lorsqu'ils sont le fruit d'un projet politique et que la population y est associée. Auparavant, l'aménageur allait voir le maire s'il voulait implanter un projet, et cela débouchait presque toujours sur un contentieux. Ce n'est plus ainsi que les choses se passent. En tant que membre du conseil scientifique du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), je peux vous dire que les scientifiques ont pris conscience de la valeur culturelle des projets. Il faut mettre au travail les artistes, mais aussi les jeunes étudiants, qui portent un regard plus neuf que leurs aînés sur ces questions.