Alors que la question des paysages concerne à la fois le milieu urbain, périurbain et rural, les interventions m'ont parfois semblé explorer ces logiques séparément. On parle beaucoup en France de la perte d'espaces agricoles, mais on aborde rarement le problème tout aussi important de la qualité paysagère. Les questions varient d'une région à l'autre ; en Alsace, on se demande ainsi comment gérer les sorties d'exploitations agricoles qui fractionnent les paysages ; faut-il situer le développement urbain autour des bourgs-centres ou le long des voiries existantes ? Les élus municipaux, qui gèrent les paysages, manquent parfois de connaissances, de culture et d'information sur le sujet ; comment y remédier ? On manque aussi parfois d'outils car les PLU et les schémas de cohérence territoriale (SCOT) qui ont posé, dans leur élaboration, des séries de contraintes réglementaires – notamment sur la biodiversité – abordent assez peu la question du paysage. Comment regagner de la qualité paysagère au travers d'un dispositif aussi léger ?
Je suis heureux que vous ayez évoqué le progrès technique. En effet, on tend à juger les perspectives en matière de paysage à échéance de dix ou vingt ans à l'aune des systèmes de transport d'aujourd'hui. Or les voitures de demain ne pollueront ni ne consommeront comme celles d'aujourd'hui : les problèmes seront donc différents, tout comme le logiciel de réponse.
N'oublions pas que le rêve français – celui d'une maison individuelle qui consomme énormément d'espace et morcelle les paysages – reste très ancré dans l'esprit de nos concitoyens ; le souhait de s'installer dans une zone périurbaine, loin de son lieu de travail, demeure également très prégnant.