Intervention de Baptiste Sanson

Réunion du 22 janvier 2014 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Baptiste Sanson, agronome, responsable de l'écocentre de Villarceaux :

Je m'appuierai sur les images pour illustrer un propos qui peut paraître abstrait par l'exemple d'un territoire singulier : la Bergerie de Villarceaux. Il faut, en effet, partir de la diversité des territoires pour proposer non pas des modèles, mais des principes d'action.

Dans les années 1990, cette ferme du Bassin parisien, engagée dans la modernisation, s'était spécialisée dans la céréaliculture, abandonnant l'élevage ovin et les vergers qui participaient jadis d'une diversité agricole. Cette spécialisation s'est appuyée sur le recours aux intrants fossiles et aux produits phytosanitaires.

Pour réduire les intrants au sein de cette ferme, il a fallu, de manière conjuguée, travailler sur le redécoupage des parcelles, le retour de l'élevage, les complémentarités entre polycultures et élevage, et la place de l'arbre. Dans les années 1990, les cultures principales – colza, blé, maïs – occupaient des parcelles faisant jusqu'à 60 hectares d'un seul tenant. Une telle organisation ne peut fonctionner qu'à l'aide de la « béquille chimique » qui permet de maîtriser les maladies ravageuses. Pratiquant une agriculture conventionnelle, la ferme restait alors très dépendante des engrais d'origine minérale. Pour passer à l'agroécologie, il a fallu, en amont des pratiques plus économes, repenser l'organisation même du système – de même que si l'on veut rendre une maison énergétiquement efficace, on commence par penser à son isolation et à son exposition. Le rapport entre structure et fonction est en effet essentiel.

Le nouveau découpage parcellaire – en lanières – tient compte des nécessités d'une agriculture mécanisée, les parcelles faisant quelque 8 hectares en moyenne. L'assolement est diversifié, l'élargissement du nombre des cultures facilitant les débouchés économiques tout en évitant la propagation des maladies d'une parcelle à l'autre. À côté de ces mesures prophylactiques, on travaille également à la place des infrastructures agroécologiques que sont les espaces semi-naturels tels que les haies ou les bandes enherbées. Ces surfaces de compensation écologique – terme utilisé dans la nouvelle PAC – constituent des éléments productifs qui, s'ils sont bien répartis dans l'espace, suivent un maillage et abritent des insectes auxiliaires, permettant ainsi de retrouver un équilibre écologique et de limiter les produits phytosanitaires.

Dans la ferme de Villarceaux, ces transformations ont suivi des principes systématiques. Pour généraliser le modèle, il faudrait certainement l'affiner.

Enfin, à cette réflexion qui vise à mieux produire, on peut en conjuguer une autre, qui cherche à recréer un territoire aux usages partagés. En effet, les nouvelles pratiques modifient le territoire et permettent de retrouver un espace répondant aux attentes de nos concitoyens. Le retour de l'arbre sous forme de haies périphériques et d'alignements au sein des parcelles – l'enjeu de l'agroforesterie – et la mise en place d'un réseau de chemins d'exploitation ouverts à d'autres usages – agrotouristiques ou récréatifs – permettent de créer de l'emploi. Aujourd'hui, au sein de la ferme de Villarceaux, les activités touristiques, la vente directe, le développement de gîtes et l'organisation de séminaires ont permis de générer une quinzaine d'emplois supplémentaires. Il faut donc veiller à bien lier cadre de vie et recherche d'une production plus efficace.

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