Par « mobilité sociale », on entend ce qu’il est convenu d’appeler l’ « ascenseur social », c’est-à-dire la capacité pour une génération de progresser dans la vie sociale par rapport à la génération précédente. La question posée à la mission tient en une phrase : « Comment se fait-il que, dans notre pays, plus de 80 milliards d’euros soient dépensés pour la tranche d’âge 16-25 ans, sans que l’ascenseur social soit plus facile à faire bouger ? »
Pour y répondre, nous avons choisi de ne pas entreprendre une évaluation des performances de l’éducation nationale. Ce travail venait d’être effectué dans le cadre de la loi pour la refondation de l’école de la République, et il faut dire aussi que nous n’avions pas les moyens de mener une étude complète sur un ensemble aussi vaste.
Nous nous sommes donc concentrés sur les dispositifs d’accompagnement des jeunes à la sortie de leur scolarité, vers l’emploi et l’insertion, tout en examinant de près les actions de lutte contre le décrochage et d’aide aux jeunes en incapacité d’accéder à l’autonomie.
Le rapport concerne 8,2 millions de personnes, soit 12,7 % de la population. Nous avons d’abord cherché à comprendre combien de dispositifs ciblaient cette tranche d’âge.
Après une première évaluation, les services du CEC, que je remercie ici pour le travail fourni, ont conclu qu’il existait 37 dispositifs d’accompagnement et d’aide à l’autonomie des jeunes. Mais dans la quinzaine qui a suivi, les personnes chargées de réaliser une fiche de synthèse sur chacun de ces dispositifs en ont encore trouvé cinq, si bien que nous pouvons affirmer qu’il existe aujourd’hui 42 dispositifs de ce type, répartis entre onze ministères différents !
Il en résulte que les personnes chargées d’accompagner les jeunes vers l’autonomie sont incapables d’acquérir une connaissance exhaustive de ces dispositifs et d’en évaluer la pertinence pour chaque cas particulier. Un effort de simplification important est nécessaire : c’est là l’un des axes de notre rapport.
En dépit d’une importante proportion de jeunes dans la population, le modèle français de mobilité est grippé. Il est très difficile aux jeunes générations de quitter le milieu social dans lequel elles sont nées. Ainsi, 46 % des enfants d’ouvriers sont eux-mêmes ouvriers, tandis que seulement 10 % d’entre eux sont cadres supérieurs, ce qui atteste une certaine prégnance des modèles sociaux.
Par ailleurs, les parcours sont encore très linéaires. Il s’agit d’abord de se former, pour ensuite trouver un emploi. L’absence de passerelles, de possibilité de retour ou de temps d’expérimentation pose la question de la deuxième chance.
Enfin, le système éducatif occupe aujourd’hui une place centrale. la réussite scolaire est déterminante pour la suite de la vie et pour l’accès à l’autonomie.
Le tableau de la page 6 du rapport, dont la clarté et la simplicité n’échapperont à personne,