Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 3 juillet 2012 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration — Déclaration de politique générale du gouvernement

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Je ne dis pas que vous en soyez responsables (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), je dis que c'est une réalité dont nous n'avons pas la responsabilité, puisque nous venons d'arriver au gouvernement. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)

Nous nous battons pour réduire au maximum les effets économiques et sociaux de ce qui est engagé là. Mais, au-delà de l'urgence, par la mise en place de commissaires à la réindustrialisation auprès de chaque préfet de région, par ce que nous voulons faire pour les grands groupes, par ce que nous voulons faire pour les PME, ce n'est pas seulement une attitude de défense que nous entendons adopter, mais une stratégie offensive de redressement industriel. La Banque publique d'investissement et les régions nous permettront de repartir de l'avant. (Mêmes mouvements.)

Nous aurons besoin pour cela du concours du tous. C'est le sens de l'appel que j'ai lancé. Je n'ai pas la prétention de vouloir que l'opposition rejoigne la majorité : je respecte la diversité du vote des Français. Mais je souhaite et j'espère que, concernant un certain nombre de politiques publiques prioritaires, l'appel à la mobilisation que j'ai lancé aux Françaises et aux Français, à toutes les forces de la société, trouvera aussi un écho à l'Assemblée nationale. Ces forces de la société : les chefs d'entreprise, les représentants des syndicats, les collectivités territoriales, les représentants de l'Université, des grandes écoles, des laboratoires de recherche, les associations, les citoyens tout simplement, veulent se mobiliser, partout elles me l'ont dit. L'Assemblée nationale doit participer elle aussi à cette nécessaire mobilisation pour le redressement de la France. (Mêmes mouvements.)

Je terminerai par M. Le Roux, si vous le permettez, alors qu'il était le premier. Les premiers seront les derniers (Sourires), mais l'espace d'un instant, car je mesure bien le poids, la richesse, et la force du groupe SRC. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Je féliciterai d'abord Roger-Gérard Schwartzenberg, président du nouveau groupe RRDP. Il faut que je m'habitue moi aussi, puisque désormais la majorité s'étend assez loin du côté droit de l'hémicycle, alors qu'avant c'était l'inverse ! Les choses ont changé, là aussi ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Au-delà de la boutade, monsieur le président Schwartzenberg, j'ai bien relevé l'intérêt que vous portez au pluralisme de la majorité, ainsi que votre attachement à la sensibilité radicale que vous représentez, aux valeurs de la République et à ces grands principes que j'ai en partage avec vous. Mais je crois qu'il n'est pas concevable que le dialogue avec l'ensemble des groupes parlementaires de la majorité, comme de l'opposition, se fasse sans qu'une attention toute particulière soit portée à la diversité des propositions qui émaneront de tous les groupes parlementaires. Je sais par ailleurs que, au-delà de votre originalité, vous êtes aux côtés du gouvernement : vous l'avez dit tout à l'heure. Je sais que vous faites partie à part entière de la majorité, et que je pourrai compter sur vous. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)

Quant au président de Rugy, je le remercie aussi pour la détermination dont témoigne l'intervention qu'il a faite au nom de son groupe. C'est la première fois qu'il existe un groupe écologiste à l'Assemblée nationale, et ce groupe a, de surcroît, deux co-présidents : un président et une présidente, que je félicite l'un et l'autre. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste.)

Merci, monsieur de Rugy, de votre soutien, en particulier sur les grands chantiers du redressement économique dans la justice, de la transition écologique, de la biodiversité, mais aussi sur le chantier, aussi difficile que nécessaire, de la réforme fiscale. Je sais que je pourrai compter aussi sur l'originalité de vos propositions et sur votre solidarité.

Je m'adresse maintenant à la représentante du Mouvement pour la France. Je voudrais vous dire, madame Besse, puisque vous avez évoqué l'atteinte qui serait portée, selon vous, par la nouvelle majorité et le gouvernement aux valeurs fondamentales de notre société, que pour nous ces valeurs fondamentales sont les valeurs républicaines, et qu'au coeur de ces valeurs républicaines il y a la justice et l'égalité ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)

Monsieur le président Chassaigne, j'ai écouté avec beaucoup d'attention l'intervention que vous avez faite au nom du groupe GDR. Vous avez exprimé quelques désaccords, en tout cas des inquiétudes, ainsi que des nuances par rapport aux autres groupes de la gauche : j'ai noté avec beaucoup d'intérêt les points que vous avez soulevés.

Je voudrais notamment vous rassurer sur un point. Concernant la négociation salariale, vous avez dit que le coup de pouce au SMIC, qui est de la responsabilité du Gouvernement, vous paraissait insuffisant.

Dans la situation économique qui est la nôtre, nous avons pris nos responsabilités. Vous pouvez être en désaccord, mais je voudrais tout de même vous dire que cette décision s'applique à partir du 1er juillet. Or, si nous avions simplement respecté la règle, nous aurions attendu le 1er janvier. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Pour un salarié payé au SMIC, cela représente 130 euros supplémentaires dès le 1er juillet (Exclamations sur les mêmes bancs) et le double pour un couple au SMIC. De plus, la plupart de ceux qui sont payés au SMIC sont concernés par l'allocation de rentrée scolaire. Donc, pour un couple au SMIC avec deux enfants, c'est 500 euros de plus depuis le 1er juillet pour la rentrée scolaire. Je tenais simplement à rappeler ce geste de justice. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Mais vous avez aussi noté, à juste titre, que la question des salaires ne se limitait pas au SMIC. La conférence sociale, que j'ai évoquée sans la développer, conférence à laquelle, je le sais, toutes les organisations syndicales de salariés sont sensibles, ne se limitera pas, dans les discussions, à la question du SMIC. Il y a la question des minima conventionnels dans les branches, celle de la grille des salaires et également celle de l'évolution salariale au cours de la carrière d'un salarié. Combien y a-t-il eu de témoignages de salariés payés au SMIC qui, encore ces derniers jours, au moment de la décision, ont expliqué dans les médias que leur drame était de rester toute leur vie au SMIC ? Comme je l'ai précisé, la conférence sociale a justement pour objectif qu'en matière de négociation entre partenaires sociaux, ce soit aussi donnant-donnant et qu'il y ait la recherche d'un compromis équilibré. Des efforts sont demandés pour redresser l'économie, mais les salariés doivent aussi y trouver leur part. Je compte sur le dialogue et sur la négociation sociale pour que, dans notre pays, les choses avancent concrètement ; et c'est vrai pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. C'est, en tout cas, le souhait du Gouvernement. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.) Lors de votre intervention, vous avez fait part de votre inquiétude s'agissant des contraintes, que vous avez interprétées comme telles, de nos engagements européens.

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