Intervention de Bruno Tertrais

Réunion du 28 janvier 2014 à 17h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique :

Leur appréciation est très variable. Avec le Royaume-Uni, nous avons initié, dans les limites de nos visions stratégiques parfois différentes, une coopération qui date maintenant de plus de vingt ans et nous partageons, sur beaucoup de points, la même approche, au point d'avoir engagé un programme commun, le programme Epure. À l'autre bout du spectre, certains pays nordiques ont un discours beaucoup plus réservé et considèrent le nucléaire militaire comme un anachronisme voire un obstacle à l'intégration européenne. Des pays comme l'Espagne, l'Italie et la Belgique font preuve d'une sympathie mesurée et prudente. Les pays baltes et surtout la Pologne manifestent un véritable intérêt ; la Pologne est le seul grand pays de cette région avec lequel on peut avoir un dialogue constructif sur le nucléaire militaire. Pour les Allemands, il s'agit d'un sujet difficile et sensible sur lequel les administrations successives n'ont pas toujours su se positionner. Je note qu'on échangeait avec l'Allemagne beaucoup plus sur le nucléaire militaire dans les années quatre-vingt qu'aujourd'hui, ce qui est anormal. Il est dommage que ce sujet reste largement en dehors de notre dialogue stratégique. Le sommet de Lisbonne a par exemple été l'occasion d'un incident franco-allemand au sujet de la défense antimissile, nos partenaires l'envisageant alors comme un substitut au nucléaire militaire. Je considère qu'il n'est pas sain que ce sujet soit peu abordé, y compris entre spécialistes.

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