Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 28 janvier 2014 à 17h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

Il est essentiel que l'on puisse débattre de la dissuasion nucléaire qui n'est pas un sujet tabou. Votre exposé fait ressortir des points de convergence avec ma position mais soulève également quelques points d'interrogation. Historiquement, je pense contrairement à vous que le discours du général de Gaulle relatif à la dissuasion nucléaire ne s'adressait pas aux Russes mais aux Américains. Il s'agissait de démontrer à ces derniers que la France était prête à jouer un rôle international de façon indépendante. Vous avez raison de souligner que la dissuasion nucléaire a été un facteur de paix pendant la guerre froide et même après. La dissuasion est une affaire de technicité reposant sur des armes, des vecteurs et une réelle fiabilité : la France en dispose. Par rapport à d'autres pays, la France se situe néanmoins dans la situation totalement différente où elle maîtrise seule sa dissuasion, contrairement aux Britanniques par exemple qui ne peuvent pas s'engager sans l'aval des États-Unis. Je souhaiterais également insister sur un point à mes yeux essentiel qui est la singularité de notre pays, où le Président de la République, chef des armées, décide seul de l'emploi de l'arme nucléaire. Les Allemands pourraient certes se doter de l'arme nucléaire mais ils n'auraient pas la même capacité à la mettre en oeuvre dans la mesure où il faudrait recueillir préalablement l'accord du Parlement. C'est à mon sens un élément majeur de notre dissuasion. S'agissant de la défense antimissile, je note qu'entre le bouclier et le glaive, ce dernier l'a toujours emporté dans l'histoire. En revanche, certains points peuvent être débattus. Notre groupe, l'UDI, reste favorable au maintien de la dissuasion mais, au regard des contraintes budgétaires actuelles, on peut légitimement s'interroger sur le fait de savoir si on doit conserver le même format ou adapter celui-ci avec un spectre moins large. Cela permettrait de dégager des moyens financiers au profit des forces conventionnelles, d'où le débat sur l'abandon progressif de la composante aérienne. Chacun sait que cette dernière est désormais modernisée jusqu'à l'horizon 2030. Dans ces conditions, je souhaiterais savoir si on peut la conserver jusqu'à cette échéance sans effort financier supplémentaire. Par ailleurs, est-il possible de chiffrer les économies engendrées sur le poste « recherche et développement » si un abandon de la deuxième composante après 2030 était décidé dès maintenant ? Enfin, on sait que l'armée de l'air souffre d'un déséquilibre profond entre l'aviation de combat, qui assure à la fois des missions nucléaires et des missions classiques et l'aviation de transport. Ne convient-il pas de rééquilibrer cette situation ?

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