Je me félicite du dépôt de ce projet de loi, qui va inscrire pour la première fois les orientations de la politique française de développement dans la loi. Ceci répond, très logiquement, à la nomination en 2012 d'un ministre chargé à temps plein de la politique de développement, et concrétise un engagement de campagne du Président de la République.
J'ai noté avec satisfaction que l'aide au développement n'est pas dissociée de l'aide humanitaire. Ce projet de loi envisage des interventions qui vont de l'urgence, par exemple dans les camps de réfugiés, à l'aide à l'après-conflit ou à l'aide aux pays en voie de développement, sous la forme d'un continuum dont la finalité est de lutter contre l'extrême pauvreté. L'accent est mis sur la lutte contre la faim, la santé publique et l'éducation.
En ce qui concerne la sécurité alimentaire et nutritionnelle, il conviendrait de prévoir une meilleure valorisation du rôle des femmes, actrices essentielles du développement au sein des exploitations agricoles familiales. Malgré les difficultés d'accès à la terre, elles sont souvent les productrices des cultures vivrières.
Que ce soit en matière de santé ou d'alimentation, les politiques d'accès à l'eau et à l'assainissement sont essentielles et devraient donc être classées dans les priorités.
Concernant la lutte contre le changement climatique, je n'ai pas noté de mention des lieux où la biodiversité est le plus en danger ou a déjà régressé. À l'avenir le monde devra probablement faire face à des réfugiés climatiques, à l'image des peuples des îles déjà submergées qui doivent trouver un refuge.
Les entreprises sont des partenaires importants de la politique de développement et de solidarité internationale. Leur responsabilité sociale et environnementale doit être précisée et renforcée, notamment pour ce qui concerne les pratiques de leurs sous-traitants et de leurs filiales. Il s'agit là d'enjeux essentiels de développement, par exemple pour la lutte contre le travail des enfants.
Les actions des organisations syndicales autour des thèmes du dialogue social, du travail décent ou de la promotion sociale doivent être reconnues comme facteur de développement.
Nos actions doivent prendre racine dans nos valeurs de démocratie, des droits de l'Homme et de l'enfant, de l'égalité femme-homme, et des principes de la laïcité, qui nous permettent de vivre ensemble.
Mais l'aide au développement ne consiste pas à dupliquer notre culture et nos façons de faire dans les pays les plus pauvres. Elle consiste à les accompagner afin qu'ils sortent de la pauvreté, qu'ils deviennent des pays émergents, puis des pays en autonomie. Le premier principe de la solidarité internationale, c'est de respecter les peuples auxquels elle s'adresse, leur culture et leurs ressources.