Monsieur Hetzel, lors de la dernière réunion du bureau de notre Commission, le 22 janvier, alors que l'ordre du jour de l'Assemblée était déjà connu, aucun membre du bureau n'a évoqué l'éventualité d'une saisine pour avis sur cette proposition – déposée par mon groupe – dont l'objet est d'encadrer les stages et d'améliorer le statut des stagiaires. Son examen par la Commission des affaires sociales étant prévu le 12 février, je ne vois pas comment nous pourrions nous saisir pour avis et examiner cette proposition de loi.
Votre remarque n'en est pas moins justifiée. Nous nous sommes d'ailleurs longuement interrogés, la présidente de la Commission des affaires sociales et moi-même, sur la commission qui devrait examiner au fond cette proposition de loi. Des questions « d'aiguillage » se posent en effet régulièrement depuis qu'en 2009, la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales a été scindée en deux. Mme la présidente Catherine Lemorton avait proposé que notre commission soit chargée de ce texte. Il a même été envisagé que Mme Chaynesse Khirouni, la rapporteure, devienne membre de notre commission. En fin de compte, Mme Khirouni rapportera devant la Commission des affaires sociales.
Dans la mesure où notre commission s'est saisie pour avis de nombreux textes, notamment celui sur la formation professionnelle, et où elle ne peut le faire sur tous les textes examinés par les autres commissions, je vous suggère de participer aux travaux de la Commission des affaires sociales mercredi prochain, à 9 heures 30. Vous le savez, tout député peut assister à toutes les commissions de l'Assemblée nationale et y prendre la parole.
En revanche, je retiens votre deuxième suggestion, consistant à organiser, à la reprise des travaux parlementaires, une audition sur le nouveau système de répartition des moyens alloués aux universités. La question sera inscrite à l'ordre du jour d'une prochaine réunion du bureau de la commission.
Je vous propose maintenant d'accueillir Mme Anne Armand, inspectrice générale de l'éducation nationale, adjointe au doyen de l'inspection, pour échanger avec elle sur la lutte contre le décrochage scolaire – que nos amis québécois qualifient, de façon moins brutale que nous, d'« abandon scolaire ».
Chaque année, 140 000 jeunes sortent sans diplôme du système scolaire. C'est un constat d'échec pour l'école de la République, qui ne peut nous laisser indifférents et qui appelle des réponses lucides, responsables et innovantes.
Madame, le rapport des inspections générales de l'éducation nationale et de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche, dont vous avez coordonné la rédaction, a été remis en juin 2013 au ministre de l'éducation nationale et rendu public le 8 janvier dernier. Nous l'avons trouvé passionnant.
Pour lutter contre le décrochage scolaire, vous recommandez de passer d'une approche administrative à une démarche pédagogique et éducative, et d'inviter les enseignants à se saisir très directement du problème. Vous suggérez ainsi de repérer dès l'école primaire les premiers signes d'un possible décrochage, évoquant notamment le cas des élèves présentsabsents, qui se font oublier dans la classe et, de ce fait, s'éloignent peu à peu des apprentissages. Comment pourrait-on identifier et aider ces élèves ? C'est une question que nous nous posons souvent.
Vos propositions les plus frappantes concernent peut-être la prévention du décrochage, dans ce que vous appelez le « coeur quotidien de la classe ». Vous soulignez notamment que le modèle de réussite à la française s'identifie au savoir abstrait et tend à fragiliser tous ceux qui peinent à s'exprimer à l'écrit. Vous préconisez, en conséquence, de reconnaître différentes voies de réussite, et ce jusqu'à la fin du lycée. Évidemment, nous serons très intéressés que vous puissiez nous en dire davantage sur ces voies différenciées de réussite.