Au moment de prendre la parole pour participer à ce premier débat budgétaire sur l'égalité entre les hommes et les femmes, je ne peux m'empêcher de penser à ce drame de la séparation qui s'est déroulé il y a deux semaines et dont, madame la ministre, vous avez sans doute entendu parler.
Parce qu'elle voulait le quitter, une jeune femme de vingt-deux ans a été tuée par son compagnon, de même que sa mère et son frère dont la présence devait pourtant la protéger. Ce triple meurtre, suivi du suicide du meurtrier, ne s'est pas passé dans le Wisconsin aux États-Unis, mais dans une région française. C'était le 17 octobre dernier, à Saint-Louis, à la Réunion.
Ce drame vient nous rappeler, une fois de plus, à quel point les violences faites aux femmes et, plus largement, les violences intrafamiliales présentent toujours un visage terrifiant.
Loin de nous l'idée de sous-estimer les avancées enregistrées durant ces dernières années, notamment depuis l'adoption de la loi du 4 avril 2006 qui vise à prévenir et réprimer les violences au sein du couple. Les pouvoirs publics prennent progressivement conscience de ce phénomène et ces violences, longtemps confinées à la sphère privée en dépit de leur ampleur, sortent peu à peu de la rubrique des faits divers pour être traitées au niveau politique – car il s'agit bien d'un problème politique !
De même, la loi du 9 juillet 2010, adoptée à l'unanimité, confirme et renforce cette volonté de considérer les violences conjugales non seulement comme un problème de société, mais également comme une question de santé publique puisqu'elles constituent une des principales causes de la mortalité des femmes.