Cela passe par des contraintes définies ; cela passe par une représentation plus équilibrée des femmes dans les comités d'entreprise et les organisations syndicales. Nous en avions posé les jalons en 2006 avant la censure du Conseil constitutionnel. Le dialogue social doit s'instaurer sur ce sujet.
Cela passe aussi par une meilleure déclinaison de cette politique au niveau local, une meilleure coordination des acteurs grâce aux missions que vous confierez aux délégués aux droits des femmes. Cela passe encore par une plus large implication des inspecteurs du travail et une augmentation de leurs effectifs car en matière d'égalité professionnelle, la fréquence moyenne des contrôles pour une entreprise est actuellement de une tous les dix ans. Cela passe aussi et surtout par une évolution de la société.
Il y a, en effet, dans notre pays, et dans d'autres d'ailleurs, ce qu'on pourrait appeler une structure informelle du pouvoir qui se caractérise, d'une part, par le cloisonnement général entre le monde masculin et le monde féminin, clairement visible sur le marché du travail comme à la maison, d'autre part, par la primauté des normes masculines. Pour un homme, la famille et les enfants ne sont pas considérés comme des obstacles à la progression de carrière. Je rappelle, en effet, que 80 % des tâches domestiques sont assurées par les femmes.
Madame la ministre, lorsqu'on parle de rendre obligatoire le congé paternité pour les hommes, on crie à la mesure coercitive. Mais on ne parle jamais de la terrible coercition qui oblige une femme salariée à prendre un minimum de cinq semaines de congé maternité. C'est donc à cette répartition et à ces mécanismes officieux du pouvoir qu'il faut à présent réfléchir.