Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 30 octobre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Débat sur l'égalité hommes-femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je tiens en tout premier lieu à vous remercier de l'organisation de ce débat car, oui, ce document de politique transversale pour l'égalité entre les femmes et les hommes est un très bon signal. Car, oui, l'égalité entre les femmes et les hommes nécessite une mobilisation générale.

Nous, les femmes, représentons 52 % de la population mondiale, nous effectuons 66 % des heures de travail et produisons 50 % des richesses nationales. Mais les femmes ne possèdent que 2 % des terres, reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires et 70 % des pauvres sont des femmes.

Quant à leur sous-représentation aux postes de décision économique ou dans les institutions, elle est également alarmante. Dans les conseils d'administration des grandes entreprises européennes, à peine un membre sur dix est une femme et, dans 97 % des cas, le PDG est un homme. Pourtant, 60 % des diplômés de l'université sont des femmes.

C'est pourquoi la mobilisation doit être générale. Tous les niveaux de fonctionnement de notre société doivent être concernés.

J'approuve la dynamique lancée par la ministre aux Droits des femmes pour que chaque ministère se saisisse de cet enjeu majeur. L'approche transversale est ici déterminante. De même, douze ans après sa dernière réunion, la relance du comité interministériel aux droits des femmes et à l'égalité entre les femmes et les hommes va dans le bon sens. Nous en sommes fiers.

Madame la ministre, si la démarche que vous avez engagée est très positive, à l'image des nombreux chantiers que vous avez ouverts ces derniers mois, permettez-moi néanmoins d'appeler votre attention sur un certain nombre de points qui me paraissent essentiels.

Tout d'abord, concernant la parité et l'égalité professionnelle, la situation sur les bancs mêmes de cette Assemblée – avec seulement 152 femmes – montre qu'il faut dépasser les simples déclarations d'intentions ou les actions incitatives. Il faut imposer le changement, afin de ne plus permettre que la représentation des femmes dans les instances décisionnelles demeure une option. Je sais combien cet enjeu vous tient à coeur. Sachez que les écologistes vous soutiendront dans cette voie.

Pour une réelle une égalité professionnelle et salariale, il convient également d'organiser un service public de la petite enfance digne de ce nom. On sait que ce sont les femmes qui mettent de côté leur carrière pour s'occuper des enfants : pause dans la carrière ou travail partiel… Or, il manque 500 000 places pour accueillir les enfants de zéro à trois ans.

La mise en place d'un congé parental paritaire est également une piste à creuser pour favoriser l'investissement à part égale des deux parents dans la sphère familiale et contrer les éventuelles réticences des employeurs à embaucher des jeunes femmes.

De façon plus générale, la fin des stéréotypes de genre est également une priorité. Bravo pour vos premières annonces dans le cadre de la refondation de l'école, de la maternelle au lycée : anti-sexisme, prévention des violences subies par les filles, éducation sexuelle. L'école demeure en effet le lieu privilégié de l'apprentissage de l'égalité, du respect et de la tolérance.

La formation des futurs enseignants devrait d'ailleurs comprendre un volet spécifique sur la déconstruction des stéréotypes de genre. Or, on constate que les pratiques demeurent marquées – de façon parfois inconsciente – par ces idées préconçues, ce qui n'est pas sans effet sur les choix d'orientation des élèves.

Ne l'oublions pas, quelle est la meilleure arme pour combattre les stéréotypes et toutes les formes de violence, sinon l'éducation ?

À ce propos, je demeure inquiète quant au manque de places d'accueil pour les femmes victimes de violence. À Amiens, l'Union départementale d'accueil et d'urgence sociale, l'UDAUS 80, est régulièrement amenée, faute de place, à refuser des femmes victimes de violence. Nous savons combien cet enjeu vous préoccupe, mais il y a urgence : deux millions de femmes sont victimes de violences conjugales chaque année.

Sous le précédent gouvernement, les associations ont été malmenées. Les coupes budgétaires ont été drastiques, sans souci des effets sur les femmes, de la détérioration de leurs droits et de leur fragilisation.

Outre la diminution des crédits pour l'accueil des femmes victimes de violences, je pense au Planning familial ou encore aux fermetures de centres IVG. Parce que proclamer l'égalité, la parité ou encore annoncer le remboursement à 100 % de l'IVG ne suffit pas, il faut aujourd'hui donner encore plus les moyens aux structures, notamment associatives, qui oeuvrent pour l'égalité entre les femmes et les hommes, plus de moyens pour permettre d'ouvrir de nouveaux centres IVG, ou encore plus de moyens afin d'augmenter les places d'accueil pour les femmes victimes de violence.

Madame la ministre, voici les principaux enjeux sur lesquels je souhaitais attirer votre attention, tout en vous réaffirmant le soutien sincère des écologistes aux priorités que vous avez définies et aux politiques et actions engagées. (Applaudissements sur tous les bancs.)

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