Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Séance en hémicycle du 30 octobre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Questions

Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement :

Madame la députée, je vous remercie d'avoir rappelé les chiffres de l'INSEE, qu'il faut rapprocher de ceux de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, qui ont été rendus publics la semaine dernière et qui sont pour le moins alarmants. Je rappellerai en effet qu'en deux ans, plus de 300 000 femmes âgées de 18 à 60 ans se sont déclarées victimes de violences sexuelles, que plus d'une femme sur sept se sent en insécurité et qu'une femme sur dix ne se sent plus en sécurité à son propre domicile. Ces chiffres doivent nous faire réfléchir.

De telles études sont intéressantes, car elles complètent utilement notre connaissance de ces crimes et délits, mais elles sont encore trop disparates et pas assez régulières dans le temps. C'est pourquoi j'ai décidé de soutenir la grande enquête VIRAGE, qui sera pilotée par l'INED et qui permettra de renouveler les données dont nous disposons actuellement, qui datent de 2000. Cette enquête sera conduite auprès de 35 000 personnes et permettra d'enrichir nos informations grâce à une connaissance beaucoup plus fine de l'impact des violences sur les parcours scolaires, sociaux et professionnels des femmes ; il est fondamental de descendre à ce niveau de détail. Cette enquête nous permettra également d'apprécier les besoins des victimes, car vos remarques, au fond, nous renvoient toujours à la même question : comment construire de la façon la plus cohérente possible un service public intégré de la protection des femmes victimes de violences ? La meilleure façon de le faire est de bien connaître leurs besoins ainsi que ceux de leurs enfants.

Au-delà de cette enquête, nous avions besoin d'une instance qui rassemble les données dont nous disposons. Telle sera la mission de l'Observatoire national des violences faites aux femmes, qui aura également pour objet de servir de plateforme d'action. Nous savons en effet qu'un certain nombre de bonnes expérimentations ont déjà été conduites dans des départements pour mieux protéger les femmes et mieux lutter contre les violences qui leur sont faites. Il s'agit pour nous, aujourd'hui, d'en tirer les conclusions et de généraliser les dispositifs qui marchent. Ainsi, j'ai souvent évoqué ici, par exemple, le téléphone portable « grande urgence », qui mériterait d'être généralisé.

Enfin, il faut, dans la réponse pénale que nous apportons à ces femmes, plus de célérité – je n'ai nul besoin de vous en convaincre – et un meilleur accompagnement dès le début de la procédure par le bureau d'aide aux victimes et par les associations. Le rôle de celles-ci est absolument majeur ; c'est pourquoi je souhaite continuer à les soutenir.

Sachez que l'ensemble de mes collègues, en particulier Christiane Taubira et Manuel Valls, seront impliqués dans la nécessaire formation des professionnels, car il s'agit d'améliorer le traitement dès le début des phénomènes de violence. Or, pour bien les traiter, il faut les connaître.

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