Madame la ministre de la culture et de la communication, la presse écrite traverse une crise d’une incroyable violence. En une année, la presse d’opinion a perdu plus de 15 % de ses lecteurs. Avec une perte de 29 %, Libération connaît une crise qui va peut-être l’emporter, qui sans doute l’emportera. La presse de province ne se porte pas mieux et le président de Sud-Ouest et du Midi Libre annonce la mort programmée de ces journaux pour la fin de l’année 2014. La presse n’a pas trouvé de modèle économique pour compenser le départ de ses lecteurs vers le numérique. Certes, on peut se féliciter de la venue de L’Opinion, de la réussite de Mediapart et de l’émergence des gratuits. Mais la vérité est là : la presse écrite perd ses titres les uns après les autres. Avant-hier, c’était L’Aurore, le journal de Zola et de l’affaire Dreyfus ; hier, c’était France-Soir, qui tirait à un million d’exemplaires avec Lucien Bodard.
La presse subit la dictature de l’info en temps réel. L’immédiateté l’a emporté sur la réflexion et le lecteur a l’impression, réelle ou non, de lire partout la même information. À terme, c’est la démocratie qui est menacée. Que deviendra la liberté de blâmer, si chère à Beaumarchais, si elle ne peut plus trouver de support écrit ? La presse écrite a érigé des digues contre le populisme, contre l’extrême droite.