Intervention de Amiral Marin Gillier

Réunion du 5 février 2014 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Marin Gillier, directeur de la coopération de sécurité et de défense :

Les ENVR, que nous développons depuis une quinzaine d'années, sont un excellent vecteur pour l'internationalisation : un pays fournit localement l'effort, et les élèves proviennent pour un tiers du pays hôte et pour deux tiers d'autres pays africains. Leur objectif est de bénéficier d'une formation correspondant à une ingénierie française. À ma connaissance, aucun ne s'est déclaré insatisfait ; au contraire, si nous en avions les moyens, nous pourrions multiplier les effectifs par quatre ou cinq. Le jour où il s'avérera qu'une de nos ENVR n'intéresse plus personne, nous la fermerons et nous en ouvrirons une nouvelle : à chacun de mes voyages en Afrique, j'ai dix sollicitations en ce sens. Notre problème, aujourd'hui, n'est pas d'être repoussés : bien au contraire, on nous demande d'en faire davantage – et c'est ce qui contribue à notre rayonnement.

Celui-ci est également lié au fait que nous développons des capacités de traduction simultanée dans certaines ENVR et que nous dispensons de plus en plus de cours dans d'autres langues. Je demande aux pays lusophones et anglophones de nous envoyer des instructeurs, ce qui nous permet d'internationaliser l'enseignement.

Quant à être accusés d'être des donneurs de leçons, je ne crois pas que ce soit le cas - je fais bien attention, dans mes entretiens avec nos partenaires, à ne pas être perçu comme tel. Au contraire, tout le monde nous demande des conseils - du moins en Afrique francophone.

Comment fait-on pour évaluer une action de coopération ? Nous utilisons de plus en plus des indicateurs de gestion. Quant à l'évaluation à long terme, je donnerai l'exemple du Tchad, dont les forces armées étaient conçues de façon traditionnelle, avec des unités recrutées en fonction des origines ethniques. Le président Déby nous a demandé de l'aider à mettre en oeuvre une politique de ressources humaines vertueuse, avec une gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC) : cela passe par un recrutement pertinent, la promotion au mérite, l'affectation en fonction des compétences et des qualifications, la valorisation des acquis, etc. Quand un pays décide de se lancer dans une telle démarche, même si cela demandera encore des années d'efforts, nous considérons que notre action est couronnée de succès.

Je vais vous donner un autre exemple de coopération qui a très bien marché. Au Bénin, nous avons créé le Centre de documentation de la sécurité publique (CDSP). Un coopérant a mis en place un système sécurisé qui permet de regrouper dans un même lieu les fichiers électroniques de la police, de la gendarmerie et de la douane, et cela en liaison avec les représentants de l'ensemble des administrations, dont celui du ministère des Finances, et avec un représentant de la justice, chargé du contrôle. Au bout de trois ans, le coopérant s'est retiré, et cela continue à très bien fonctionner. Voilà un modèle pour toute la CEDEAO !

Les accords de défense portent sur le soutien que la France est susceptible d'apporter en cas de crise : ce n'est pas de mon domaine de compétence. En revanche, les accords de coopération en matière de défense nous concernent davantage. Ils sont publics, se contentent de fixer de grands cadres d'action, et ne sont pas contraignants. Nous les mettons en oeuvre en développant leur contenu.

Pour accompagner nos actions, nous travaillons surtout avec les directions géographiques du Quai d'Orsay. La DCSD fait elle-même partie de la direction générale des affaires politiques et de sécurité : tout ce que nous faisons est soumis au directeur général.

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