Ce n'est pas une nouveauté : pendant toute la période de la Guerre froide, les États-Unis ont affirmé qu'ils protégeraient leurs alliés si ceux-ci étaient attaqués – au premier chef, les pays de l'OTAN et, en Asie, la Corée du Sud et le Japon. Cette doctrine suscitait déjà à l'époque de larges débats : fallait-il risquer la sécurité du territoire américain pour défendre un pays lointain ?
Ces débats continuent aujourd'hui : si même une attaque contre New York ne déclenche pas de riposte nucléaire, une attaque contre un pays européen ou asiatique partenaire des États-Unis provoquerait-elle une telle réponse ? On peut légitimement en douter. Les États-Unis ont néanmoins cherché, notamment en développant des défenses antimissile, à convaincre leurs alliés et leurs partenaires qu'ils continuaient d'être un protecteur fiable.
Ces alliés, ce sont d'abord les pays membres de l'OTAN ; certains pays européens accueillent d'ailleurs sur leur sol des armes nucléaires tactiques américaines, ce qui n'est plus le cas en Corée du Sud. Le parapluie nucléaire américain protège aussi le Japon, même si pendant de longues années on ne mentionnait pas, en raison des réticences de l'opinion publique nippone, la présence d'armes nucléaires américaines dans les eaux territoriales de ce pays. De même, la Corée du Sud est évidemment une alliée des États-Unis.
D'autres pays sont des partenaires, sans être liés par des accords de défense en bonne et due forme. Taïwan est un cas particulier. Au Moyen-Orient, on maintient l'ambiguïté ; certains pays de la région espèrent, en raison de l'étroitesse de leurs liens avec les États-Unis, que ceux-ci interviendraient en cas d'attaque, par exemple de la part de l'Iran devenu puissance nucléaire.