Intervention de Nicole Vilboux

Réunion du 11 février 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Nicole Vilboux, chercheur associé à la FRS :

Les États-Unis se préoccupent surtout du remplacement de leurs vecteurs, qui arriveront presque tous en fin de vie à partir de la fin des années 2020. Ils ont donc lancé un programme de développement d'un nouveau sous-marin plus performant, mais aussi de nouveaux bombardiers – qui ne seraient pas réservés à l'arme nucléaire, mais pourraient servir aussi pour des bombardements conventionnels. Ils prévoient également la mise au point d'un nouveau missile intercontinental, mais c'est le programme le moins avancé.

Le débat porte principalement sur les charges nucléaires : les États-Unis se sont engagés à ne plus en produire de nouvelles, mais ils continuent aujourd'hui à rationaliser l'arsenal existant, pour passer de sept à cinq modèles. En particulier, la bombe à gravitation qui équiperait les nouveaux bombardiers autoriserait des frappes d'une précision de l'ordre de quelques mètres. Cela permet, certes, de réduire la charge et donc de limiter les retombées radioactives, et va dans le sens d'une doctrine de « contre-force », c'est-à-dire visant à détruire les cibles militaires importantes pour l'adversaire. Mais tous ceux qui se préoccupent de contrôle des armements soulignent que, ce faisant, on facilite l'usage des armes nucléaires : l'administration Bush parlait ainsi d'utiliser ces nouvelles bombes pour détruire des bunkers profondément enterrés. Le risque est de rendre plus floue la limite entre nucléaire et conventionnel, d'autant que les forces nucléaires stratégiques et les forces conventionnelles sont soumises au même commandement – la chaîne de commandement étant certes fiable et bien organisée.

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