Intervention de Valérie Niquet

Réunion du 11 février 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Valérie Niquet, maître de recherche à la FRS :

Officiellement, il existe un partenariat stratégique entre la Chine et la Russie ; la presse chinoise affirme périodiquement que jamais les relations entre les deux pays n'ont été aussi bonnes – ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de tensions.

Je ne suis pas sûre que la Chine regarde vraiment vers le nord, dans une optique d'invasion, même si le nationalisme chinois s'exprime de plus en plus fortement. Du côté de la Russie, j'avais entendu dire il y a quelques années à Moscou qu'à la moindre tentative ou menace sérieuse de Pékin contre les territoires de Sibérie ou d'Extrême-Orient, la riposte russe serait l'emploi immédiat de l'arme nucléaire. Je ne sais pas ce qu'il en serait aujourd'hui, mais les Chinois ont de bonnes raisons de se méfier.

La coopération en matière d'armement avait beaucoup diminué ; depuis quelques années, elle reprend.

En tout cas, les relations sont extrêmement ambiguës : les deux puissances se soutiennent mutuellement sur certains sujets, mais avec une confiance stratégique limitée.

Les Chinois communiquent de plus en plus sur leurs capacités : ils ont exposé leurs derniers avions, le J-10 et le J-20, ils ont exhibé leurs capacités sous-marines… Mais cela ne signifie pas que ces capacités sont réelles ; il ne faut pas, comme certains courants néo-conservateurs américains, décrire la puissance chinoise comme quasiment au niveau de la puissance militaire américaine. Inversement, il ne faut pas imaginer que la Chine ne constitue une menace ! Elle applique la stratégie de la pression permanente, vieux concept stratégique chinois déjà présent dans l'Art de la guerre de Sun Tzu, selon lequel on peut remporter une victoire sans même combattre si l'on fait suffisamment peur à l'ennemi pour qu'il renonce de lui-même à se défendre. La Chine met donc en avant ses capacités, y compris nucléaires, pour que ses adversaires renoncent à agir contre ses intérêts. Elle utilise d'ailleurs une panoplie très large de moyens, qui ne sont pas tous militaires : en mer de Chine, tous les incidents n'impliquent pas officiellement la marine chinoise, mais plutôt des bateaux de pêche ou des garde-côtes. En ce sens, elle constitue une menace réelle de déstabilisation régionale.

Mais, en cas de conflit, ses capacités réelles ne permettraient sans doute pas à l'Armée populaire de tenir très longtemps face aux États-Unis par exemple, mais aussi face au Japon ou à la Russie.

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