Sanofi, qui a réalisé 5 milliards d'euros de profits l'année passée et déjà 2,5 cette année, annonce un plan de restructuration. Les sommes colossales qui ont été consenties en baisses d'impôts ne sont allées ni à l'emploi, ni à l'investissement et à la recherche, ni aux salaires qui stagnent depuis des années.
Comme le soulignait l'International Herald Tribune en novembre dernier, jamais, dans les grands pays industrialisés, les actionnaires n'ont accaparé une part aussi importante de la richesse produite. Parallèlement, rappelle l'OCDE, la part des salaires dans cette même richesse a chuté de 10 % en trente ans. En fait, l'actionnaire s'est installé solidement au centre du partage de la valeur ajoutée.
Ces pratiques sont à l'origine de l'affaissement de la demande intérieure dans les pays avancés et du marasme économique que nous connaissons depuis des années. Le règne de la finance exprime une véritable mutation culturelle par rapport aux Trente glorieuses : c'est le triomphe de la préférence pour le présent et la dévalorisation de l'avenir, avec l'exigence d'une rentabilité à court terme très élevée, l'abandon de projets d'investissement ou de recherche à horizon long ou encore la déformation du partage du revenu, qui ne peuvent que déboucher sur une croissance faible.
L'accumulation des richesses dans les mains d'une poignée de privilégiés, voilà le cancer qui ronge nos économies ! Ce n'est pas le niveau de la dépense publique.
Permettez-moi, d'ailleurs, monsieur le ministre, de le dire : je ne suis pas sûr que la gauche gagnera beaucoup à se poser en championne de la diminution de la dépense publique et sociale. Ce n'est pas son rôle.
Il importe, en effet, de distinguer entre deux types de dépenses publiques : d'un côté, les dépenses publiques qui soutiennent de façon cumulative la croissance, engendrent de l'activité et permettent d'escompter, au final, un surcroît de recettes et la réduction des déficits initiaux ; de l'autre, les dépenses et déficits récessifs engendrés par les politiques libérales…