Intervention de Guy Landmann

Réunion du 12 février 2014 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Guy Landmann, directeur-adjoint du GIP Ecofor :

J'évoquerai brièvement l'impact du changement climatique sur la forêt, sur sa biodiversité, sur son fonctionnement et sur les services qu'elle peut rendre. Pour commencer, je passerai en revue les questions qui se posent à nous.

Le changement climatique affecte-t-il déjà la forêt et sa biodiversité, et éventuellement sa gestion ? De quelle manière et à quel niveau ? Comment ces impacts évolueront-ils en fonction de l'importance du réchauffement climatique ?

Ces impacts peuvent être envisagés à plusieurs niveaux. Du point de vue génétique, tout d'abord : les espèces végétales – les arbres en particulier – vont-elles s'adapter à l'évolution du climat d'ici un siècle ? C'est une question à laquelle il est difficile de répondre. Du point de vue de la composition des peuplements, ensuite : à cet égard, nous disposons de données plus précises, relatives au fonctionnement hydrique, aux cycles du carbone et des éléments minéraux.

Dans quelles régions les effets du réchauffement climatique se manifesteront-ils le plus ? Dans les plaines ou en montagne ? Il convient de nous intéresser particulièrement à la zone méditerranéenne, car les effets y seront sans doute plus importants que sur le reste du territoire.

Le réchauffement de l'atmosphère produit déjà des effets. En effet, depuis les années 1960, la saison de végétation de nombreux végétaux a augmenté de dix à quinze jours. La flore herbacée se modifie et les arbustes à feuilles persistantes, comme le houx, prospèrent.

À ce jour, la démonstration est moins évidente pour les arbres que pour les organismes de petite taille, qui s'adaptent plus vite, comme une partie des oiseaux, qui progressent vers le nord, moins toutefois que ce que l'on attendait en fonction du réchauffement. Par ailleurs, certains champignons, consommables ou toxiques, apparaissent dans des zones où ils étaient inconnus. Enfin, un certain nombre d'insectes et d'organismes ravageurs ont opéré des déplacements dans l'espace. C'est le cas de la chenille processionnaire du pin, dont l'INRA a reconstitué la migration depuis les années 1960. Cette étude montre que la chenille a progressé de la région d'Orléans jusqu'en région parisienne après avoir parcouru, au cours des vingt dernières années, une distance de l'ordre de six kilomètres par an.

Des changements de fond sont observés en forêt. Ainsi la productivité a été fortement améliorée par rapport aux années 1950, bien que nous ne sachions pas précisément quel rôle a joué le changement climatique dans cette évolution.

Tous ces effets vont certainement s'amplifier, à un degré difficile à quantifier mais certainement très important. Par exemple, la zone de répartition des principales essences sera modifiée de façon sensible, ce qui amène les forestiers, depuis une dizaine d'années, à s'interroger sur les décisions à prendre aujourd'hui pour aider la forêt à affronter ces changements et la rendre plus résiliente face aux situations climatiques extrêmes.

En résumé, les impacts du changement climatique sont nombreux. Je vous invite à consulter un document intitulé « Connaissance des impacts du changement climatique sur la biodiversité en France métropolitaine », publié il y a trois ans pour le compte du ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, et disponible en ligne. De nombreux impacts sont d'ores et déjà détectables. S'ils sont pour l'instant peu pénalisants pour la gestion des forêts, ils risquent de le devenir demain. Nous sommes donc amenés, j'y insiste, à prendre des décisions dès maintenant, alors même que nous nous trouvons dans l'incertitude, tout en sachant qu'elles engageront l'avenir de la forêt pour de nombreuses années – les arbres que nous plantons aujourd'hui pousseront encore dans les années 2050 et au-delà.

Les effets du changement climatique exigent de notre part un effort soutenu en faveur de la recherche et d'une évaluation fine de ses résultats – ce à quoi contribue le GIEC, à son niveau –, mise en oeuvre par Météo-France, l'Institut géographique national (IGN) et un certain nombre d'autres opérateurs, dont des organismes de recherche, mais nécessitent d'améliorer encore l'efficacité des outils de détection et de suivi.

Nous nous sommes engagés au sein d'Ecofor dans un certain nombre de chantiers, dont la constitution, en liaison avec l'ONERC, d'indicateurs du changement climatique, et un autre portant sur les services écosystémiques fournis par les forêts.

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