Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 25 février 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises en centrafrique débat et vote sur cette déclaration

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

…et des étapes importantes ont été franchies : le code électoral a été adopté et l’autorité électorale est désormais en place. Il y a urgence à ce que la communauté internationale mette les moyens nécessaires au respect de ce calendrier.

Pour son développement, la République centrafricaine, qui a longtemps fait partie des orphelins de l’aide, a besoin de l’assistance internationale. À Bruxelles, le 20 janvier dernier, près d’un demi-milliard de dollars ont été promis pour faire face aux défis humanitaires les plus pressants et engager dès maintenant la reconstruction économique et sociale du pays. La France s’est engagée à hauteur de 35 millions d’euros pour 2014. Notre assistance technique redémarre, et nous travaillons à accélérer la remise en marche de l’État. Ceci est nécessaire pour permettre le retour des principaux bailleurs, le FMI, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne.

Quant à la sécurité, une opération de maintien de la paix sous casque bleu nous paraît seule à même de répondre aux besoins de la Centrafrique. La MISCA effectue un travail indispensable, qui doit être conforté dans la durée. La mise en place d’une opération de maintien de la paix permettra de garantir les renforts nécessaires, sur le plan militaire, et d’assurer, sur le plan civil, le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants, ainsi que l’organisation des élections. Le secrétaire général des Nations unies présentera dans les tout prochains jours un rapport en ce sens ; nous souhaitons que le Conseil de sécurité l’examine début mars, afin que l’opération puisse être déployée au plus vite.

D’ici là, Sangaris assurera son rôle de relais, aux côtés de la MISCA et de l’opération EUFOR-RCA. Afin de répondre à la situation et à l’appel du secrétaire général de l’ONU, le Président de la République a décidé, à la suite du conseil de défense du 14 février, d’en porter les effectifs à 2 000 hommes. Notre effort supplémentaire comprend le déploiement anticipé de forces de combat et de gendarmes français, qui participeront ensuite à l’opération européenne. Au-delà, la France pourra réduire son effort et maintenir une présence en appui à l’opération des Nations unies, mais elle n’a pas vocation à se substituer aux forces internationales, auxquelles il incombe d’assurer, dans la durée, la sécurisation de la République centrafricaine.

Mesdames et messieurs les députés, à Bangui et partout en République centrafricaine, nos soldats ont trouvé un pays dévasté. Comme toujours, ils ont fait preuve d’un grand courage et d’un professionnalisme particulièrement élevé, qui sont l’honneur de la France. Je salue leur engagement et je rends hommage à nos trois soldats qui ont perdu la vie lors de missions opérationnelles, les caporaux Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio le 10 décembre dernier, et le caporal Damien Dolet ce dimanche. Je salue aussi la mémoire de leurs compagnons d’armes, les soldats de la MISCA tués en opérations. Dans cette épreuve, la nation a su se rassembler, dès le déclenchement de notre opération, et je veux en remercier tous les parlementaires, de la majorité comme de l’opposition.

Une délégation de députés, conduite par la présidente de la commission des affaires étrangères, Élisabeth Guigou, est allée à Bangui, la semaine dernière, pour prendre toute la mesure de la situation. Le Gouvernement continuera, par ailleurs, – je m’y engage – à informer autant que nécessaire la représentation nationale. Chacun est conscient, ici, que notre action n’est pas terminée. Et c’est la raison pour laquelle, conformément à l’article 35, alinéa 3, de la Constitution, je suis venu vous demander, aujourd’hui, d’autoriser la prolongation de notre intervention.

Cette intervention a permis d’éviter la destruction totale de la Centrafrique. L’action et le courage de nos soldats forcent l’admiration. Les conditions sont réunies pour qu’un accompagnement international robuste – militaire, humanitaire et politique – permette à la République Centrafricaine de retrouver le chemin de la paix. D’ici là, il nous revient de continuer à assumer nos responsabilités. C’est un défi, mais c’est aussi l’honneur de la France.

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